Reconfiguration politique : Rendez-vous encore manqué

Après avoir raté le virage de la reconfiguration politique en 2020, les acteurs du jeu depuis trente années sont toujours sur l’aire de la compétition. Trente ans après, les jeunes rongent leur frein et devront encore patienter.

Les trois grands de la politique ivoirienne sont à nouveau dans le jeu. Henri Konan Bédié (87 ans), Alassane Ouattara (79 ans) et Laurent Gbagbo (76 ans) tiennent encore les rênes de leurs partis respectifs et ne semblent pas disposés à passer la main de sitôt. Ce ne sont pas pour autant les dignes successeurs qui manquent, et ce à tous les niveaux, mais trente ans de batailles ont laissé en chacun des anciens un désir de vengeance et de revanche. Les Ivoiriens, toujours accrochés à l’un de ces trois leaders, sont tout de même partagés entre le désir de passer à une autre génération et celui de continuer avec ce trio.

Sous l’éteignoir Dans chaque camp les ambitions existent mais se taisent. Les « jeunes loups » préfèrant évoluer à l’ombre de leur leader pour ne pas se faire « broyer » par la machine de leur parti. Au Parti démocratique de Côte (PDCI), Bertin Kouadio Konan dit KKB en a fait les frais. Jean-Louis Billon a dû revoir à la baisse ses ambitions en 2020 et s’aligner contre son gré sur la décision de son parti de présenter Henri Konan Bédié comme candidat. Alassane Ouattara, après la perte d’Amadou Gon Coulibaly, s’est trouvé une nouvelle jeunesse, mettant en veille les ambitions qui naissaient dans son camp. Le plus téméraire, Guillaume Soro, en exil, est condamné à perpétuité. Laurent Gbagbo, quant à lui, n’envisage pas de prendre sa retraite de sitôt et travaille à affaiblir davantage Pascal Affi N’Guessan. Depuis trente ans, aucun autre parti n’a réussi à sortir la tête de l’eau et à se positionner comme une alternative crédible aux yeux de l’électorat ivoirien. Les héritiers putatifs de chaque camp n’ont pas d’autre choix. Ceux qui, comme Mamadou Koulibaly, tentent de tracer leur voie sont inaudibles.

Révision ? L’idée d’une révision de la Constitution afin de ramener la date limite de candidature à 75 ans germe pourtant. Elle serait salutaire pour les défenseurs de la thèse selon laquelle les trois grands doivent prendre leur retraite politique. Mais l’idée ne passe pas bien dans tous les cercles et l’on s’achemine vers un remake de 2010,  avec les mêmes acteurs et les mêmes positions tranchées. De quoi faire craindre aux investisseurs nationaux et internationaux un embrasement de la situation. Si le pays n’en est pas encore à ce stade, les ingrédients ne sont pas loin d’être réunis.

Ange Stéphanie Djangoné

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