Législatives 2016 : top départ !

Selon leurs moyens, les candidats s’apprêtent à aller à la pêche aux voix

Le samedi 10 décembre marquera l’ouverture de la campagne pour le renouvellement des 255 sièges de l’Assemblée nationale ivoirienne. Si certains candidats indépendants proches du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP) ont décidé de jeter l’éponge, en attendant que la commission électorale indépendante (CEI) mette à jour sa base de données, l’on compte 1145 candidatures pour 1390 candidats. Un nombre record qui en dit long sur les enjeux de la législature 2016-2021 et la configuration du paysage politique qui sera issu des urnes. Avec 37 groupements et partis politiques auxquels s’ajoute un grand nombre d’indépendants, la course s’annonce serrée pour tous. Ce qui trouble d’ailleurs le RHDP qui, en plus du Front populaire ivoirien (FPI) et d’autres partis d’opposition, devra combattre ses « propres indépendants », véritables trouble-fêtes.

Prévue sur une semaine, la campagne pour l’élection des pre- miers députés de la 3è République s’ouvre ce samedi 10 décembre à minuit. Le pays vibre déjà au rythme de la pré-campagne avec son lot de slogans et de promesses. Dans cette atmosphère, chaque groupement ou candidat y va de ses moyens. Investiture à Abidjan pour les 248 représentants du Rassemblement des Houphouëtistes pour la démocratie et la paix (RHDP), présentation et investiture de candidats dans leurs circonscriptions respectives pour les autres, etc. Après quoi, chacun devra affronter ses concurrents sur le terrain. Une bataille qui s’annonce déjà gagnée pour cinq d’entre eux, sans adversaire, un défi à relever pour certains et la confirmation d’une assise locale légitime pour d’autres.

Candidat unique

La campagne n’aura pas le même enjeu pour tous. Ils sont plusieurs députés sortants à être assu- rés d’être réélus car candidats uniques. Parmi eux, le ministre d’État, ministre de l’Intérieur et de la Sécurité, Hamed Bakayoko, et le Secrétaire général par intérim du Rassemblement des républicains (RDR), par ailleurs président du directoire du RHDP, Amadou Soumahoro. Respectivement candidats à Séguela commune et Séguela sous-préfecture, ils pourront se permettre de voler au secours d’autres collègues du RHDP, en difficulté ailleurs. Yacouba N’Dossoulou Soro à Kombolokoura (Korhogo), Abdoulaye Meité à Kani, et Aboubakary Coulibaly à Dabakala se trouvent dans le même cas. Contrairement à ces circonscriptions acquises d’avance, ailleurs, les bastions naturels du Front populaire ivoirien (FPI), toutes tendances confondues, font le plein de prétendants. C’est le cas à Dignago, Galebouo et Guiberoua, dans le département de Gagnoa, avec 13 candidatures. Celles-ci sont au nombre de 12 à Divo dans la circonscription DjidjiGagore-Zikisso, et atteignent le même chiffre à Man, dans la circonscription de Facobly-Guezon,-Koua-Semien,Tieny-Seably, commune et Sous-Préfectures. De façon générale, l’on note une moyenne de 6 candidats par circonscription électorale.

En quête de légitimité

Ils sont membres du gouvernement, hauts cadres de l’administration, secrétaires généraux de partis, mais n’ont jamais été confrontés au test du suffrage direct. C’est le cas du Premier ministre Daniel Kablan Duncan, ainsi que des ministres Bruno Nabgné Koné et Sidi Tiémoko Touré, qui briguent tous pour la première fois un poste électif. Si M. Duncan s’est vu presque forcé de se présenter, il n’en aurait pas manifesté l’intention selon des sources proches du RHDP, pour les ministres Koné et Touré, ces élections sont, sans doute, l’occasion de se construire une légitimité au niveau local. Pour certains observateurs de la scène politique, le Premier ministre, faisant partie des pressentis au poste de vice-président, sa candidature viserait à lui conférer une base politique locale. Secrétaire général de l’Union pour la démocratie et la paix (UDPCI), Laurent Tchagba court depuis 2000 après un poste électif dans la commune d’Attécoubé. Sans succès. Son parti n’ayant pas réussi à faire de lui le candidat du RHDP afin de lui assurer une victoire, il devra se battre contre cinq autres listes.

Ils trépignent d’impatience

Ils animent la scène politique depuis les années 1990, mais ils ont toujours été oubliés, au profit d’autres personnes quand il s’agissait de nomination. Ils veulent désormais s’affranchir et évaluer leur poids dans leurs départements. Joseph Odjé Tiako- ré ex-président des jeunes républicains (RJR), était en froid avec la direction de son parti en 2009 après le départ du RDR du ministre Zémogo Fofana, alors qu’il en était le numéro 2. M. Odjé, que la direction du parti soupçonnait d’être de connivence avec M. Fofana, avait été écarté du RDR. Bien que resté fidèle à la ligne du parti à la case, il aura continué d’être sacrifié au profit d’autres jeunes dans le partage des postes nominatifs. Candidat malheureux aux législatives en novembre 2011, l’ex-président du RJR revient cette année sous la casquette du RHDP, espérant sans doute accroitre ses chances de succès. Pour sa part, Joseph-Martial Ahipeau, premier secrétaire général de la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI), devenu président de l’Union démocratique pour les libertés (UDL), se présente lui aussi pour la seconde fois aux législatives. Selon toute vraisemblance, il lorgne un poste électif afin de mieux cadrer ses ambitions politiques. Membre du Front du refus, il fait partie de ceux qui pensent que la lutte pour plus d’expression en faveur de l’opposition ne peut se poursuivre que dans un cadre comme le parlement. En plus de ces deux jeunes loups, l’on peut citer Jean Blé Guirao, premier président de la jeunesse UDPCI et Charles Lopez Kangbé. Malgré 13 ans de pré- sence au gouvernement du président de son parti, Albert Mabri Toikeusse, Jean Blé Guirao n’a jamais eu droit à un quelconque poste dans l’administration, ni même au sein d’une institution. Devenu amer, il a toujours reproché à M. Mabri de faire la promotion de nouveaux militants aux dépens de ceux « qui ont sorti le parti des braises », comme il aime à le dire. Pour ces élections, il part en candidat indépendant dans une circonscription où son parti, qui a refusé de l’adouber, n’est pas partant. Quant à Charles Lopez Kangbé, plus connu sous le nom de Charles Gnaoré, leader d’un mouvement de soutien proche du président Ouattara, il est convaincu que « son heure a sonné. » Lui, qui a perdu les élections à la tête du RJR en 2013 face au plus jeune député de la législature qui s’achève, est candidat à Bouaké. Il estime mériter de prendre part à ces législatives après « avoir parcouru tout le pays auprès du président Ouattara, lors des visites d’État et pour le rôle joué lors de la campagne », dit-il. À cette liste, l’on peut ajouter d’autres jeunes leaders du FPI que sont Beh Diabaté et Navigué Konaté. Si de 2000 à 2010, lors du règne de leur parti, ils bénéficiaient des largesses du pouvoir, ils devront désormais compter sur leurs propres ressources pour convaincre les électeurs. Chose qui s’annonce difficile, car Beh Diabaté, tête de liste du FPI, devra affronter le RHDP à Abobo, bastion du RDR, et Navigué Ko- naté, sera face au ministre Bruno Koné à Kouto.

Ouakaltio OUATTARA

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