Selon vous, que faut-il faire aujourd’hui pour améliorer la politique de logements sociaux en Côte d’Ivoire?
Je l’ai dit tantôt : la première chose à faire c’est faciliter les conditions d’accès à ces logements censés être sociaux. Ce que nous avons constaté dans l’application de cette politique, c’est qu’il faut être millionnaire avant d’en bénéficier. Cela contraste avec ce qu’on a fait croire aux Ivoiriens. Le social doit être mis au centre. Nous avons plusieurs fois dénoncé cela, sans succès. Aujourd’hui, le constat est que l’engouement autour de cette stratégie est complètement retombé.
L’amélioration des conditions d’accès suffira-t-elle pour que l’Ivoirien moyen puisse avoir son propre toit ?
C’est pour cela que nous avons aussi demandé que l’Etat revienne à l’ancien système. Ce système, c’est la location-vente. Si elle est bien réglementée, cette politique permettra à de nombreux Ivoiriens aux revenus moyens d’acquérir leurs propres logements. C’est ce que le président Félix Houphouet-Boigny avait compris. Aujourd’hui, cette stratégie est absente. Il n’y a que quelques rares promoteurs qui essayent de l’appliquer. Il faut la ramener au cœur de la politique de logements sociaux. Mais à côté de cela, nous disons qu’il est temps de mettre en place une véritable stratégie pour désengorger la capitale économique. Cela passe par la décentralisation de l’administration à l’intérieur du pays. Mieux ce sera fait mieux la demande en logements à Abidjan sera endiguée. C’est l’une des solutions à long terme pour que tous les Ivoiriens puissent se loger décemment. Une autre politique à mettre en place, c’est la construction en hauteur. Les buildings sont la solution au problème d’espace à Abidjan. Presque tous les terrains ont été vendus. Afin de mieux exploiter le peu d’espace qui reste, les promoteurs immobiliers ont intérêt à développer le système d’appartements, comme dans les grandes villes développées.
Depuis presqu’un an, le gouvernement a pris des mesures pour réglementer les cautions et avances. Sur le terrain, ces mesures sont-elles suivies ?
Malheureusement, non. Aujourd’hui, la pénurie de logements est à un tel point que nous subissons de plein fouet le dictat des propriétaires de maisons. Les loyers sont fixés de façon anarchique, et les cautions exigées restent extrêmement élevées. Malgré cette décision du gouvernement, l’anarchie continue dans ce secteur, parce que la demande est très forte. On nous dit qu’il faut que cela passe en assemblée nationale sous forme de loi. Mais je dis que même avec une loi, on n’arrivera pas faire fléchir les propriétaires de maison. La seule façon de juguler ce phénomène déplorable, c’est d’instituer une véritable politique sociale du logement.
Tanoh Raphaël