Sommet pour l’Action sur l’Intelligence artificielle : pour un progrès partagé

PARIS – Véritable révolution pour nos sociétés, nos économies et nos cultures, le développement de l’IA et ses transformations sociétales profondes suscitent espoirs et craintes. Espoir de progrès pour la recherche médicale, l’émergence de solutions climatiques, l’amélioration de la qualité de vie et du travail ou encore du fonctionnement démocratique. En contrepoint, cette évolution génère naturellement des craintes, inhérentes à toute révolution technologique majeure : perte de contrôle, concentration du pouvoir, ou encore d’impact sur l’emploi et l’environnement.

Dans cette équation, une certitude quant au développement de l’IA : nos choix et décisions d’aujourd’hui -reflets de notre vision sociétale de l’innovation- façonneront profondément nos sociétés demain. Ces enjeux dépassent largement les frontières de la France et de l’Europe : ils concernent tous les citoyens du monde qui ne veulent subir une révolution dont les règles seraient édictées par une poignée de géants technologiques mais souhaitent au contraire être pleinement acteurs de leur futur. Face à une innovation aussi stratégique, une accélération des développements dans tous les pays et une conversation globale s’impose. Nous devons urgemment aligner les intérêts de l’ensemble des parties prenantes- secteurs privé, public et société civile- pour faire de l’IA un moteur de progrès partagé, plutôt qu’un nouveau levier d’inégalité.

C’est maintenant que tout se joue. Et c’est à Paris, lors du Sommet pour l’Action sur l’IA (lien vers le site du sommet) qui se tiendra à l’invitation du Président Emmanuel Macron du 6 au 11 février prochain, que cette discussion mondiale doit s’accélérer. Ce sera un Sommet « pour l’action » avec trois objectifs principaux : sociétal, économique, diplomatique. Un objectif économique et sociétal car, pour continuer à innover et créer, il nous revient d’anticiper les défis de demain : tirer les bénéfices de l’IA en en maîtrisant l’impact, favoriser son appropriation en mettant en lumière ses applications et son potentiel - de la santé à l’éducation en passant par le monde industriel et à la culture. Sur le plan diplomatique, ce sommet permet de rassembler autour du leadership français et européen de très nombreux alliés et réaffirmer nos valeurs communes en bâtissant des solutions ensemble, avec le même objectif de garantir à chaque pays l’accès à une IA sûre et souveraine.

Depuis plus d’un an, cette question du progrès partagé est la boussole pour la préparation de ce Sommet. À cette occasion, des milliers de personnes du monde entier, chefs d’entreprises, chefs d’Etat, chercheurs, représentants de la société civile, de plus d’une centaine de pays seront réunis à Paris.

Au fil de mes voyages et échanges dans le cadre de la préparation de ce Sommet, je peux aujourd’hui attester d’une volonté partagée de développer des écosystèmes d’IA locaux et régionaux afin de répondre aux besoins concrets des individus et des sociétés. Être acteurs du développement de l’IA et non simples clients, c’est une vision qui trouve un écho à tous les niveaux. Très répandu dans les pays émergents, notamment en Afrique et en Asie, cette approche est également valide aux États-Unis. En France et en Europe, c’est l’ambition d’innover en respectant des valeurs communes et d’accroître l’autonomie stratégique de l’Union européenne.

Dans notre pays, l’innovation en IA est déjà une réalité. La France dispose d’atouts considérables et peut avoir confiance dans sa capacité à en faire une force au service du progrès : des talents d’exception, chercheurs et ingénieurs, d’excellentes formations et une dynamique entrepreneuriale exceptionnelle. Nous sommes fiers de plus de 700 start-ups en IA et de nombreuses scale-ups, à commencer par Mistral AI, mais aussi Hugging Face, Poolside, H, Alan, Dataiku, Pigment, et bien d’autres. Sans oublier des grandes entreprises innovantes et une électricité abondante et décarbonée. De nombreuses initiatives de formation, de débat public et de dialogue social ont été lancées. Dans la continuité du rapport de la Commission IA (lien vers le rapport) que nous avons co-présidé avec l’économiste Philippe Aghion, ce Sommet sera donc une opportunité unique de mettre en visibilité cet écosystème d’innovation, d’accélérer son développement et d’annoncer des investissements.

Au niveau européen, il est essentiel que nous remettions fortement l’accent sur l’innovation en IA. L’Europe a de nombreux atouts, et ne doit ni freiner le développement de l’IA par excès de précaution, ni laisser d’autres décider à sa place. Une IA ouverte, interopérable et alignée sur nos valeurs démocratiques est possible, à condition de simplifier la mise en œuvre de nos régulations et de soutenir des solutions européennes.

Enfin, cette révolution dépasse nos frontières. Plus de 100 nations se réuniront à Paris dans quelques jours. La France, avec ses partenaires, défend une IA qui respecte les citoyens, accompagne les transformations économiques et garantit que cette révolution profite à l’ensemble de la société.

Cela passe par la création de nouveaux biens communs en IA. Il est essentiel de rendre accessibles des jeux de données précieux tout en garantissant le respect de la vie privée, de favoriser le développement de modèles ouverts, plus légers et plus écologiques, et d’encourager une IA open-source pour plus de transparence et d’accessibilité. Ces ressources permettront aux chercheurs et aux organisations à but non lucratif de réaliser des avancées majeures, notamment dans la lutte contre des maladies comme le cancer, tout en offrant aux startups un terrain fertile pour innover. C’est pourquoi nous annoncerons le lancement d’une fondation dédiée à des « communs » de l’IA.

L’intelligence artificielle peut jouer un rôle clé dans la lutte contre le changement climatique et la protection des écosystèmes. Pourtant, son développement actuel suit une trajectoire énergétique qui n’est pas soutenable : selon l’Agence internationale de l’énergie, la consommation d’énergie liée à l’IA pourrait être multipliée par dix d’ici 2026. Il est donc urgent de concilier transition numérique et transition écologique en encourageant une IA plus frugale, en définissant de nouveaux standards et en investissant massivement dans des infrastructures plus durables et progressivement moins énergivores. C’est dans cette logique que nous lancerons une coalition pour une IA durable.

Le Sommet pour l’action sur l’IA arrive à point nommé. Cette révolution technologique ne doit pas être subie, mais maîtrisée et orientée vers un progrès partagé, en conciliant innovation, souveraineté et responsabilité, afin qu’elle bénéficie à toutes et tous.

Anne Bouverot

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