Selon un rapport de la Banque mondiale rendu public début novembre, le changement climatique pourrait réduire le Produit intérieur brut (PIB) réel de la Côte d’Ivoire de 13% d'ici 2050 et empêcher 1,63 million de personnes d'échapper à la pauvreté.
Intitulé « Côte d'Ivoire - Rapport national sur le climat et le développement », ce document indique que les effets néfastes du dérèglement du climat sur les différents secteurs d’activité économique pourraient empêcher la Côte d’Ivoire de réaliser son ambition d’accéder au statut de pays à revenu intermédiaire de la tranche supérieure à l’horizon 2030. Toutefois, le rapport indique que la mise en œuvre de mesures d’adaptation peut réduire presque de moitié les pertes économiques dues au dérèglement climatique, en les ramenant à moins de 8% du PIB d’ici la moitié du siècle.
Les modèles climatiques actuels prévoient qu’à l’horizon 2050 les températures augmenteront de 1 à 4°C dans le pays, alors que le niveau des mers s’élèvera de 30 cm et que les précipitations seront de plus en plus irrégulières, avec un décalage du début et de la fin de la saison des pluies. D’autres risques, tels que les dérèglements de la mousson ouest-africaine, ne peuvent pas être pris en compte par les modèles climatiques, ce qui accroît l’incertitude. Dans ce contexte, le changement climatique affectera l’économie ivoirienne principalement par le biais des changements de la productivité de la main-d’œuvre, l’augmentation des coûts de réparation des immobilisations et la baisse des rendements agricoles.
Baisses des rendements agricoles
D’autre part, la réduction de la production de cultures pluviales pourrait atteindre 16% d’ici 2050. À cet horizon, le riz, la banane plantain et le manioc pourraient connaître les plus fortes baisses potentielles des rendements, soit 30% d’ici 2050, dans le scénario de climat « sec et plus chaud ». La production de cacao, principale culture d’exportation de la Côte d'Ivoire, devrait également connaître une baisse significative de 15% d’ici la moitié du siècle, selon le même scénario. Dans le cadre d’un scénario sans impact climatique, le taux de pauvreté devrait passer de 39% en 2020 à 16,7% en 2050. Cependant, si la Côte d'Ivoire ne met pas en œuvre des mesures d’adaptation, les effets du changement climatique perturberont considérablement cette trajectoire. Dans le scénario de climat « sec et plus chaud », le taux de pauvreté ne devrait baisser qu’à un niveau de 23,4% d’ici 2050, soit 7 points de pourcentage de plus que les projections sans impact climatique.
Yvan AFDAL