Élu le 29 juin à la tête de Groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI), Ibrahima Danso, Directeur général de la filiale ivoirienne du groupe CENTAMIN, parle de la filière et de son avenir.
À peine élu, vous parlez de changement d’image, parlant ainsi de la mauvaise réputation qui vous est faite. Quelle politique compter vous mener dans ce sens ?
Il y a 40 ans, quand l’industrie minière a commencé, elle ne posait aucun acte pour le développement communautaire et n’était pas impliquée dans la sauvegarde de l’environnement. Cela a changé, mais cette image négative nous colle à la peau. Aujourd’hui encore, certains disent que le développement communautaire ne nous intéresse pas, alors que les miniers en sont de plus en plus soucieux, tout comme de la préservation de l’environnement. Mais seule une partie de la population et des élites le constate. L’opinion publique ne le sait pas. Nous allons faire plus d’efforts d’information pour leur expliquer ce que nous sommes en train de faire. La préservation de l’environnement et le développement communautaire sont désormais inscrits dans notre ADN. Nous voulons créer une vision partagée avec les communautés, pour qu’elles ne nous voient plus comme des personnes qui veulent profiter de la situation. Il faut qu’elles sachent que les sociétés minières mesurent le succès par leur succès. Nous ne pouvons pas parler de succès si les populations restent pauvres. Pour le développement communautaire, il faut d’abord les ressources et ensuite une organisation capable d’exécuter des projets de développement qui profitent aux communautés. Le Code minier 2014 a résolu le problème des ressources, avec 0,5 % des chiffres d’affaires consacrés au développement communautaire. Beaucoup de communautés n’ont pas la capacité d’absorber ces fonds et le gouvernement a eu la sagesse de créer des taxes et des structures en charge de leur gestion. C’est aux sociétés minières de faire en sorte que ces fonds sont bien gérés. Mais il faut que ce travail de coordination et de partenariat se fasse pour que l’investissement dans les communautés soit efficace. Et le GPMCI a un rôle à jouer en s’impliquant pour que l’on fasse recours à d’autres agences de développement, à d’autres bailleurs de fonds, pour créer des projets d’envergure.
Le secteur des mines compte une centaine d’entreprises, mais seulement 41 sont membres du GPMCI. Peut-on dire que c’est un secteur désuni ?
Le secteur est très uni. Nous avons constaté qu’il y a des membres qui ne sont pas affiliés au GPMCI par manque d’information. Certaines sociétés minières implantées en Côte d’Ivoire ne savent pas qu’il y a un groupement des miniers et travaillent en dehors de celui-ci. Nous comptons, au cours de ce mandat, faire en sorte que tous les opérateurs miniers, ainsi que tous les opérateurs affiliés, deviennent des membres effectifs de notre groupement. Il s’agira d’aller vers eux, de leur parler du GPMCI, de notre raison d’être et de tout l’intérêt qu’ils ont à y adhérer. Nous ne voulons plus qu’il y ait de divagations et nous comptons ramener tout le monde au bercail.
Quelles sont vos grandes orientations pour les deux années à venir?
Nous avons quatre grandes orientations. Il s’agira d’abord de continuer la communication, justement pour changer l’image qu’a notre industrie, et de créer l’unité en notre sein, de sorte que tout le monde se retrouve au niveau du GPMCI. Troisièmement, il s’agira de développer les services entre nos membres et les entreprises minières. C’est-à-dire qu’il faudra faire en sorte que quand les entreprises minières ont des problèmes le GPMCI puisse les accompagner. Il arrive par moment que les certaines sociétés minières soient confrontées à des difficultés avec l’administration ou avec les communautés. Nous ne voulons plus de ce genre de choses et le GPMCI peut épauler les sociétés minières dans ce sens. Notre rôle est aussi de nous insérer dans le développement économique de la Côte d’Ivoire. Cela ne pourra se faire qu’en réalisant plus d’activités avec des sociétés locales. Plutôt que d’importer des produits et des services, nous pouvons faire en sorte que les sociétés ivoiriennes développent leurs capacités à pouvoir travailler avec nous. Dans le domaine de la création d’emplois pour les jeunes, nous pouvons intervenir pour résoudre un problème essentiel, auquel toute la communauté internationale est confrontée, le chômage. Ce qu’il faut, c’est que la formation des étudiants soit plus en adéquation avec les emplois que nous voulons créer. Alors il y aura une possibilité de collaborer avec l’État.