Le Groupement des industriels du cajou de Côte d’Ivoire (GTCI) tire la sonnette d’alarme : face à la forte compétitivité de la filière asiatique, les transformateurs ivoiriens ne parviennent pas à être rentables.
La stratégie de transformation et d’industrialisation est mise en péril, selon le Groupement des industriels du cajou de Côte d’Ivoire (GTCI), qui pense que la faillite menace un grand nombre d’acteurs. Les industriels locaux demandent au gouvernement de leur accorder l’exclusivité des achats de noix durant les deux premières semaines de la campagne, ce qui leur permettra d’avoir les plus belles noix en termes de qualité, facilitera la commercialisation et génèrera des prix plus élevés. Le GTCI demande aussi aux autorités de l’aider à exporter les noix de qualité premium.
Rude concurrence Le GTCI compte 15 sociétés dont la capacité de production d’amandes de cajou est estimée à 250 000 tonnes et qui emploient 2 300 personnes. La production ivoirienne annuelle, estimée à plus de 800 000 tonnes au 23 juin, n’a vu que 37 000 tonnes achetées par les locaux, soit environ 15% de leur capacité industrielles installée, qui est de 250 000 tonnes annuellement. Les transformateurs étrangers ont quand eux enlevé 89 000 tonnes. Rappelons que tous les transformateurs de noix, ivoiriens comme étrangers, bénéficient d’une aide de 80 francs CFA le kilo de noix brutes (400 francs pour le kilo d’amandes) ainsi qu’une prime Covid de 800 francs le kilo. La GTCI attribue la faiblesse des volumes à la concurrence des exportateurs vers l’Asie qui, du fait de leur taille et de leurs économies d’échelle, offrent aux producteurs des prix plus rémunérateurs, ont des coûts moins élevés et ont accès aux aides financières de l’État. Ainsi, les exportateurs asiatiques, surtout vietnamiens et indiens, achètent et exportent à l’état brut chaque année environ 80% de la production ivoirienne. Selon Aboubacar Touré, Directeur général de la société ivoirienne de transformation Novarea, la transformation des noix brutes en amande n’est pas rentable : la main d’œuvre est chère et peu qualifiée et les coûts de production sont élevés, surtout l’énergie, les équipements industriels et la maintenance. «Nous réclamons que la prime Covid soit maintenue pour la saison 2021 et que la subvention actuelle passe à 800 francs CFA, afin de nous permettre de gagner en compétitivité face à nos concurrents asiatiques ».
Yvan AFDAL