Ayant constaté un relâchement de la pression autour de leurs activités, les orpailleurs clandestins recolonisent peu à peu les sites qu’ils avaient abandonnés, et s’installent sur de nouveaux. Une situation qui inquiète de plus en plus les industriels.
L’alerte est venue du directeur exécutif de Randgold Resources, Mark Bristow, le principal industriel dans le secteur de l’or ivoirien. Selon ce dernier, sa société, qui dispose d’un grand portefeuille de permis d’exploration, est confrontée au phénomène de l’orpaillage clandestin et illégal qui prend des proportions de plus en plus inquiétantes, malgré les actions initiées par l’Etat en vue d’y mettre un terme. « C’est vrai que le gouvernement entreprend certaines actions, il a son plan pour lutter contre ce phénomène, mais la situation ne fait qu’empirer sur le terrain et nos équipes d’exploration courent d’énormes risques chaque jour. Les orpailleurs ne cessent d’accroitre en nombre et de se renforcer. » Toujours selon les responsables de cette société, les clandestins sont à moins de 500 m de leur site de Fonondara (Mankono), à fort potentiel, et qu’ils essaient de protéger depuis trois ans. Avec une production record de 288 000 onces en 2017, la société minière qui s’est fixé un objectif de production de 290 000 onces en 2018, craint de ne pouvoir les atteindre.
Situation préoccupante De Boundiali à Divo, le problème est le même. Les alentours des zones exploitées par les industriels sont presque pris d’assaut par des orpailleurs clandestins qui, de jour comme de nuit, mettent à rude épreuve leurs services de surveillance. Face à cette situation qui ne fait qu’empirer, Randgold Resources souhaite l’appui du gouvernement dans la protection des sites afin de mettre fin à l’action des « exploitants illégaux qui font de l’activité minière, avec des moyens importants dont des engins lourds et des procédés d’exploitation qui font appel à des produits dangereux comme le cyanure. » Ce phénomène est différent de l’orpaillage qui est une activité traditionnelle qui ne va qu’à une certaine profondeur et ne pose pas de véritables problèmes aux sociétés minières, explique Mark Bristow, qui appelle à son tour l’Etat ivoirien à prendre ses responsabilités pour mettre fin à l’activité des illégaux. Les industriels espèrent ainsi encourager l’Etat à créer des couloirs d’orpaillage, une autre possibilité étant de trouver des activités alternatives qui détournent les jeunes de l’exploitation illégale des ressources minières. Toutefois, l’équation reste assez complexe, et donc difficile à résoudre, alors que la Côte d’Ivoire ambitionne de faire progresser sa production, qui a atteint un record de 25 tonnes en 2017.
Fatim DOUMBIA