Après la liquidation de Saf Cacao, prononcée par le Tribunal de 1ère instance de Daloa, certaines multinationales n’ont pas attendu pour faire connaitre leur intérêt pour le rachat de l’entreprise.
Après avoir obtenu du gouvernement une facilité portant sur un échelonnement de 18 mois, à compter de janvier 2018, de l’exécution de ses contrats de vente sur les campagnes 2015 / 2016 et 2016 / 2017, le groupe Saf Cacao, qui comprend l’exportateur Cipexi et le transformateur Choco Ivoire, fermera définitivement ses portes. Et pour cause, selon le Tribunal de 1ère instance de Daloa, « lesdites sociétés ont été dans l’incapacité d’exécuter et de respecter leurs engagements financiers, comme le prouvent des chèques qui sont revenus impayés ». Un non respect du moratoire que le groupe avait proposé au gouvernement devait lui permettre d’apurer sa dette auprès de l’État. La dette résultait des défauts de contrats Saf Cacao concernant 22 000 tonnes de fèves de cacao lors de la campagne 2015 / 16.
Repreneurs Comme si elles s’étaient entendues, le rachat des actifs du groupe étant désormais possible, des multinationales implantées dans le secteur ne cachent pas leur intérêt pour Saf Cacao et ses filiales. De source proche de ce dossier, l’on cite le géant américain Cargill, le Singapourien Olam, le Français Touton négoce et le Chinois Wongchang. Quatre concurrents directs qui se positionnent pour racheter les installations de Saf Cacao et autres groupes en cours de liquidation. La société, dont le siège est à San Pédro, achète en moyenne 150 à 200 000 tonnes de fèves de cacao lors de chaque campagne, pour une capacité de broyage de 32 000 tonnes. Outre sa dette vis-à-vis de l’État, représenté par le Conseil café cacao (CCC), estimée à 70 milliards de francs CFA, l’exportateur cumule des prêts bancaires en souffrance pour plus de 150 milliards de francs CFA. Situation qui plonge certaines banques dans le doute. « Elles ont surfé comme d’habitude sur les spéculations. Tant que ça marchait, il n’y avait pas de problème, mais quand une société de ce type plonge, les conséquences sont non mesurables », explique un expert financier. Résultat, depuis janvier 2017, Saf Cacao, comptant autour de 600 employés, n’achète plus de fèves et sera absente du marché à la prochaine campagne cacaoyère, qui débute le 1er octobre. « Sa fermeture n’aura pas d’impact sur le marché. Cela permettra même d’assainir le milieu des exportateurs au profit de structures mieux organisées », assure un trader.
Ouakaltio OUATTARA