Désemparés, les producteurs de café-cacao de la région de l’Indénié entendaient descendre dans la rue le jeudi 15 mars pour dénoncer la mévente de leurs produits et réclamer le dédommagement des coopératives. Cette marche n’a finalement pas eu lieu, mais le malaise demeure.
Non rassurés par les explications de Massandje Touré-Litse, directeur général du CCC, sur l'immobilisation de milliers de tonnes de cacao dans les ports ivoiriens et la mévente de leurs produits, ils revendiquent entre autres audits, celui du Fonds de réserve de prudence (FRP) estimé à environ 200 milliards de francs CFA, et un examen approfondi de la gestion du Fonds d’investissements en milieu rural (FMIR), qui a permis d’engager plus de 31,7 milliards de francs CFA ces trois dernières années.
Prix garanti Pour Ousmane Atayé, spécialiste des matières premières, les producteurs ne devraient pas perdre de vue qu’en Côte d’Ivoire, le marché obéit à un système protectionniste. À cet effet, l’État a pris soin de ne pas les laisser à la merci du marché international. Pour preuve, le cours du cacao est tombé la semaine dernière sur le marché londonien à 1 533 livres sterling, soit un peu plus de 1,1 million de francs CFA la tonne, son point le plus bas en huit ans et demi. « C’est donc pour éviter pareille situation qu’un prix est garanti aux producteurs et doit être respecté par tous les acheteurs », explique M. Atayé.
« Aujourd’hui, les producteurs sont soucieux de savoir ce que l’État a fait des prélèvements effectués, car ils constatent que le prix fixé n’est pas respecté. Face à cela, on peut ne pas approuver la forme de leurs manifestations, mais il faut reconnaître que dans le fond, ils ont raison, parce qu’ils se sentent abandonnés », argumente-t-il avant d’ajouter qu’il faut déclencher « le système », en payant le reliquat du prix d’achat proposé par les acheteurs. Joint au téléphone, la CCC a rappelé à JDA les propos du porte-parole du gouvernement. Le mercredi 8 mars, Bruno Koné avait fait savoir que « …tout est fait pour réduire le plus possible les difficultés que pourraient connaître nos parents paysans ».
Benoit TANOH