Le Sommet pour l’action sur l’Intelligence Artificielle (IA) qui s’est tenu à Paris les 10 et 11 février 2025 a révélé des ambitions mondiales claires en matière d’IA. La France a annoncé 109 milliards d’euros d’investissements, dont 50 milliards en provenance des Émirats arabes unis et 20 milliards du fonds canadien Brookfield. L’Europe veut aussi rattraper son retard sur les États-Unis et la Chine, alors que l’Inde et d’autres émergents avancent rapidement. Mais où en est l’Afrique ?
Le continent est à la traîne. Selon le dernier classement d’Oxford Insights, aucun pays africain ne figure parmi les 50 premiers mondiaux en matière de préparation à l’IA. Maurice, Égypte et Afrique du Sud occupent les meilleures places africaines, loin derrière les leaders mondiaux. Les causes de cette situation sont nombreuses. L’accès aux infrastructures de base est une première barrière. L’électricité reste un problème majeur, avec des coupures fréquentes rendant difficile le fonctionnement des centres de données ou de calcul intensif. En outre, l’Internet est encore peu accessible dans certaines régions et le coût des technologies reste élevé.
Le manque de compétences est une autre limite. Peu de pays africains disposent d’universités et de centres de recherche capables de former une main-d’œuvre qualifiée en IA. Les talents africains, souvent formés à l’étranger, restent dans les pays développés, où les opportunités professionnelles sont plus attractives. L’investissement est aussi un défi majeur. Contrairement aux milliards injectés en Europe et en Amérique du Nord, les financements en Afrique sont encore insuffisants, freinant la recherche et le développement de solutions locales.
L’accès aux données est également une problématique centrale. Les modèles d’IA ont besoin d’une grande quantité de données, or celles-ci sont principalement hébergées par des entreprises étrangères. Le continent dépend ainsi d’applications et de plateformes conçues ailleurs, avec des risques évidents en matière de souveraineté numérique et de protection des données personnelles.
Pour rattraper son retard, des experts estiment que l’Afrique devrait investir massivement dans les infrastructures numériques, la formation et la recherche. Des partenariats public - privé pourraient aussi accélérer cette dynamique. À défaut, le continent restera un simple consommateur d’outils conçus ailleurs exposé à des risques économiques et stratégiques de dépendance technologique.
Massiré Diop