Selon le cabinet conseil McKinsey & Company les fintech actives sur le continent africains peuvent s’adapter au récent refroidissement du marché du capital-risque en privilégiant une croissance plus lente, mais plus durable et en s’ouvrant davantage aux fusions-acquisitions.
Le chiffre d’affaires des start-up africaines spécialisées dans les technologies financières (fintech) pourrait atteindre 47 milliards dollars en 2028 contre 10 milliards de dollars en 2023, tiré par de faibles taux de bancarisation, une forte croissance démographique et une hausse de la pénétration du mobile money et des smartphones, selon un rapport publié le mardi 10 décembre par le cabinet de conseil McKinsey & Company.
Ce rapport intitulé « Redefining success: A new playbook for African fintech leaders », précise que le quasi-quintuplement projeté du chiffre d’affaires des jeunes pousses qui bouleversent le monde de la finance africaine ne pourrait avoir lieu que dans le cadre d’un scénario bien défini : celui dans lequel le taux moyen de pénétration des technologies financières sur le continent passerait de 5,3% en 2023 à 15% en 2028, soit un niveau similaire à celui observé au Kenya actuellement.
Si la hausse du taux de pénétration des fintech se limitait à 10% sur le même horizon, soit un niveau identique à celui déjà perceptible au Nigeria, leur chiffre d’affaires s’établirait à 31 milliards de dollars en 2028.
Le scénario le plus pessimiste table sur un taux de pénétration des technologies financières de 8% en 2028, soit un niveau identique à celui qu’enregistre actuellement le continent hors Afrique du Sud. Dans cette hypothèse peu probable, le chiffre d’affaires des fintech opérant sur le continent atteindrait 25 milliards de dollars en 2028.
Le rapport souligne cependant que l’environnement opérationnel des fintech africaines est devenu difficile au cours des deux dernières années, en raison notamment d’une combinaison de vents contraires macroéconomiques et du refroidissement du marché du capital-risque. L'augmentation du coût de la vie, le ralentissement de la croissance du PIB, les taux d'intérêt élevés, les dévaluations rapides des monnaies locales et le resserrement des conditions financières mondiales ont aggravé les défis posés par les impacts négatifs du changement climatique, les conséquences de la pandémie de covid-19 et la montée des tensions géopolitiques.
Dans le même temps, les investissements dans le secteur de la fintech ont considérablement ralenti, en raison notamment du recul des financements en fonds propres (equity). Les financements mobilisés par les jeunes pousses africaines de la finance ont chuté de 37% en 2023 comparativement à 2022. Au premier semestre 2024, cette catégorie de start-up n’a levé que 419 millions de dollars, ce qui représente un recul de 51% par rapport à la même période en 2023.