L’Indice Ibrahim de la gouvernance en Afrique (IIAG) 2020, publié le 16 novembre par la Fondation Mo Ibrahim, montre que pour la première fois depuis 2010 le niveau de gouvernance globale sur le continent africain a reculé.
Les derniers chiffres incitent à la vigilance. Succédant à une progression au ralenti depuis 2015, le niveau a chuté en 2019. La baisse des performances en termes de sécurité, de participation, de droits et d’État de droit prend le pas sur les améliorations réalisées en matière d’opportunités économiques et de développement humain.
Recul inédit Avec 0,2 point de moins en 2019 qu’en 2018, la moyenne africaine de la gouvernance globale enregistre sa première baisse annuelle depuis 2010. Ce recul résulte de la détérioration simultanée de trois des quatre catégories de l’IIAG : Participation, droits et inclusion, Sécurité et État de droit et Développement humain. En réalité, ce mauvais résultat s’inscrit dans la suite du ralentissement de la progression depuis déjà 2015. De 2015 à 2019, on a constaté un affaissement des progrès tant en matière de Développement humain que des Fondements des opportunités économiques, tandis que se poursuivait la détérioration des catégories Sécurité et état de droit, ainsi que Participation, droits et inclusion, de façon accélérée pour la dernière. Il reste que sur la décennie écoulée la gouvernance globale s’est légèrement améliorée.
Une évolution contrastée La Côte d’Ivoire occupe le 18ème rang de la gouvernance globale en 2019 et est le deuxième pays en termes de progrès accomplis au cours des dix dernières années. Des progrès ont été enregistrés dans les quatre catégories principales de l’Indice, dont les plus importants étaient ceux du « Développement humain » et des « Fondements des opportunités économiques ». Les progrès accomplis sur la dernière décennie sont essentiellement tirés par les bons résultats obtenus en matière de développement économique et humain. Les résultats encourageants obtenus dans les catégories Fondements des opportunités économiques (+4,1) et Développement humain (+3,0) proviennent principalement des progrès réalisés dans les sous-catégories Infrastructures et Santé ainsi que, dans une moindre mesure, Environnement durable. Ces tendances positives vont malheureusement de pair avec une insécurité croissante et la dégradation de la situation au niveau des droits, ainsi que celle des espaces civique et démocratique. Les deux catégories Participation, droits et inclusion (-1,4) et Sécurité et État de droit (-0,7) enregistrent en effet un recul préoccupant sur l’ensemble de la décennie. Dans 20 pays représentant 41,9% de la population africaine, l’amélioration sur la décennie des catégories Développement humain et Fondements des opportunités économiques s’accompagne en parallèle d’une détérioration des catégories Sécurité et État de droit et Participation, droits et inclusion. Seuls huit pays - Angola, Côte d’Ivoire, Éthiopie, Madagascar, Seychelles, Soudan, Tchad et Togo - réussissent à progresser dans chacune des quatre catégories.
Yvann AFDAL