2,3 millions, c’est le nombre d’emploi que le gouvernement a annoncé avoir créé entre 2011 et 2015. 2 millions d’emplois, c’est l’objectif à atteindre en 2020, afin de réduire de 25% le taux de chômage. Optimiste, le gouvernement veut convaincre les plus pessimistes.
Face à la presse lors du rendez-vous du gouvernement la semaine dernière, le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, Sidi Touré, est resté confiant. Selon lui, avec la dynamique de progression économique, financière et sociale de la Côte d’Ivoire qu’il juge très bonne, l’on peut atteindre plus de deux millions d’emplois sur les cinq années à venir. « La stratégie à mettre en œuvre devrait ainsi permettre de réduire de 25% en cinq ans l’effectif de jeunes chômeurs, ou de personnes en difficulté vis-à-vis de l’emploi. » À l’en croire, cette stratégie repose sur le renforcement des initiatives visant l’autoemploi par l’achèvement de l’opération « agir pour les jeunes», l’opérationnalisation de la plateforme de financement, le renforcement des capacités des jeunes en entreprenariat et surtout la poursuite des missions préparatoires pour la mise en œuvre du projet de « promotion des jeunes dans l’Agribusiness », avec la BAD. Il intègre le concept des «agripreneurs», approche qui permettra de mieux exploiter le potentiel agricole ivoirien.
Comme on le voit, la priorité du gouvernement est plus tournée vers l’agriculture et l’auto-emploi. L’apport du secteur privé, malgré les mesures prises dans le cadre de la facilitation de la création d’entreprises, reste encore faible et semble ne pas décoller véritablement face à une main d’œuvre peu qualifiée. L’inadéquation entre l’emploi et la formation reste un autre frein à lever. Le tableau tel que dressé par les chiffres de l’Institut national de la statistique (INS), démontre que l’agriculture demeure la branche d’activité la plus pourvoyeuse d’emplois, avec 43,5%. Elle est suivie par les services (26,4%) et le commerce (17,6%), alors que la part de l’industrie dans l’ensemble des emplois n’est que de 12,5%. Toutefois, le gouvernement refuse de favoriser certaines régions par rapport à d’autres, car voulant donner les mêmes chances à tous les jeunes Ivoiriens. Pourtant, en matière agricole, les régions n’ont pas les mêmes potentiels agricoles et le nombre d’habitants en quête d’emploi varie d’une région à une autre. Une saine appréciation de ces deux éléments reste donc déterminante dans ce combat. En tout état de cause, même si l’objectif de 2 millions d’emplois d’ici 2020 est atteint, ce sont plus de six millions de personnes qui resteraient sans emploi dans la mesure où, les chiffres actuels font état de plus huit millions de personnes sans activité.
Ouakaltio OUATTARA