L’intrapreneuriat est ce qui permet à un groupe d’entreprises de conserver une certaine agilité. C’est incontestablement un enjeu pour les grandes sociétés ou administrations ivoiriennes. La croissance de toute organisation s’accompagne souvent d’une bureaucratisation de son fonctionnement. Les salariés peuvent trouver que les décisions se prennent plus lentement avec le renforcement des moyens de contrôle, la formalisation des procédures et l’augmentation du nombre de niveaux hiérarchiques. La croissance rime-t-elle nécessairement avec inertie ? Les travaux de recherche montrent que ce n’est pas nécessairement le cas et l’entrepreneuriat peut constituer une réponse adaptée.
Un entrepreneur adopte une posture entreprenariale y compris dans un groupe de grande taille. Mais il ne suffit pas de recruter un entrepreneur pour qu’il devienne un intrapreneur efficace ! L’intrapreneur a bien évidemment une âme de développeur mais il agit dans le respect des règles organisationnelles inhérentes à la taille de l’entreprise ou du groupe. Il est capable de trouver des espaces de liberté pour exercer ses compétences intrapreneuriales tout en respectant le « non négociable ».
Pour que l’intrapreneuriat fonctionne, il faut que les dirigeants soient prêts à laisser les salariés expérimenter et qu’ils aient droit à l’erreur.
Le dirigeant désireux de promouvoir l’intrapreneuriat doit pratiquer l’empowerment en incitant chacun à se sentir « propriétaire » des tâches à accomplir. Il doit « rendre à César ce qui revient à César » en veillant à valoriser ceux qui sont à l’origine d’innovations ou de développements. Trop souvent, la hiérarchie a une propension à s’approprier les victoires sans rendre hommage aux intrapreneurs qui les ont rendu possible.
La formation joue également un rôle clé. J’ai plu l’observer pendant une quinzaine d’années à la direction de HEC Executive Education. Nous avons accompagné sur ce thème des entreprises et institutions aussi variées que Indian Railways, Dassault Aviation, Bouygues, ou encore Qatar Telecom. Nous avons récemment élaboré un vaste projet avec l’administration ivoirienne qui s’inscrit également dans cette logique.
Ainsi, l’intrapreneurship constitue un enjeu majeur pour de nombreuses entreprises dans le monde. L’administration et les groupes ivoiriens n’échappent pas à cette tendance. Avec certitude, il est possible d’affirmer que le renforcement dans la durée de la compétitivité de la Côte d’Ivoire passe par l’adoption d’une telle culture intrapreneuriale.