L’émir de Kano, Sanussi II Lamido, ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria, a exhorté mardi à Busan, en Corée, les États africains à faire plus de transparence dans la gestion de leur économie, estimant que la corruption est un véritable frein au développement du continent.
« Les perceptions comptent beaucoup. Il est donc urgent d’améliorer la transparence dans nos États, car celle-ci est clairement liée à la bonne gouvernance », a-t-il affirmé lors d’un panel de haut niveau coanimé avec plusieurs ministres africains, en présence du président de la Banque africaine de développement (www.AfDB.org), Akinwumi Adesina.
À la veille des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement qui s’ouvrent mercredi 23 mai en Corée, Sanussi II Lamido a soutenu que la meilleure manière de lutter contre la corruption en Afrique, c’est de commencer par reconnaître qu’elle existe.
« Nous devons accepter que nous avons un problème de transparence puis commencer à le résoudre. Nous devons nous attaquer à la corruption, bloquer les fuites de capitaux et créer des opportunités de créer de nouveaux emplois », a assuré l’ancien gouverneur de la Banque centrale du Nigeria.
Il a également plaidé pour que les États africains s’abstiennent des mesures qui affaiblissent la gestion transparente des affaires publiques et encouragent la contrebande transfrontalière et la perte de revenus.
Retombées positives
Plusieurs autres éminents orateurs ont abondé dans le sens de l’émir de Kano, en évoquant les expériences vécues dans leurs pays et en soulignant les retombées positives de la transparence dans la gestion des affaires publiques.
« L’Algérie est aujourd’hui une économie stable à croissance rapide, autrefois en proie au terrorisme. Nous avons ratifié la convention internationale sur la lutte contre la corruption et nos politiques économiques sont axées sur la mobilisation de nos importantes ressources humaines et naturelles à des fins économiques », a affirmé le ministre algérien des Finances, Abderrahmane Raouya, gouverneur de la Banque africaine de développement.
Pour sa part, le ministre érythréen des Finances, Berhane Habtemariam, également gouverneur de la Banque, a réitéré l’adhésion totale de son pays à la lutte contre la corruption et les efforts d’assainissement de l’économie engagée par son gouvernement, en dépit du contexte marqué par près de 20 ans de guerre.
« Nous avons un système fiscal simple en Érythrée : nous n’avons pas de taxe sur la valeur ajoutée. En revanche, nous avons des taxes sur les ventes et les services », a ajouté Habtemariam.
Outre le défi de la transparence, l’Angola, de son côté, doit relever le défi spécifique aux économies qui ont longtemps misé sur l’exportation des matières premières.
« L’Angola a négligé l’économie non pétrolière pendant de nombreuses années ; cela est en train de changer. La transparence a toujours été un problème, un défi majeur pour nous en Angola. Mais, le gouvernement s’efforce maintenant de changer la perception d’un Angola corrompu », a argumenté la Secrétaire d’État angolaise au Budget, Aia-Eza Nacilla Gomes Da Silva.
Actionner d’autres leviers de la transformation
Toutefois, la transparence, même absolue, ne suffira pas à elle seule à assurer la transformation totale des économies africaines.
Le continent aura besoin, pour y arriver, d’accélérer son industrialisation et de renforcer sa coopération avec d’autres régions du monde. En tant que première institution de financement de développement en Afrique, la Banque africaine de développement envisage de mobiliser environ 35 milliards de dollars américains (EU) sur les dix prochaines années pour financer des programmes d’industrialisation en Afrique. Tout en apportant une réelle valeur ajoutée aux économies du continent, le programme d’accélération de l’industrialisation du continent va créer des milliers d’emplois et mettre les États à l’abri de la volatilité des prix des matières premières.
En effet, du fait de l’effondrement du prix des matières premières, de nombreux pays africains, dont l’Algérie, l’Angola, le Nigeria, ont vu leurs économies marquer le pas.
Si elle veut être efficace et avoir des retombées rapides, l’industrialisation de l’Afrique doit reposer sur le renforcement de la coopération entre le continent et d’autres régions du monde. C’est, du reste, le cas de la Corée dont le partenariat avec l’Afrique s’inscrit depuis plusieurs années dans le cadre de la Conférence ministérielle de coopération entre la Corée et l’Afrique KOAFEC (Korea-Africa Economic Cooperation).
Lancée en 2006 par le Groupe de la Banque africaine de développement, le ministère sud-coréen de la Stratégie et des Finances et la Banque Export-Import de la Corée, la KOAFEC se tient les 22 et 24 mai à Busan, en marge des 53 e Assemblées annuelles de la Banque.
L’Afrique et la Corée se sont engagées, à cette occasion, à travailler ensemble pour explorer les technologies intelligentes afin de stimuler l’industrialisation rapide du continent et en faire un acteur majeur de la 4e révolution industrielle.
« La coopération entre nous et l’Afrique est sincère », a assuré le vice-premier ministre et ministre de la Stratégie et des finances de la Corée Dong Yeon Kim, lors des consultations qui réunissent tous les deux ans partenaires africains et coréens.
Le président de la Banque africaine de développement Akinwumi Adesina a, de son côté, assuré que le partenariat entre la Corée et l’Afrique serait forcément gagnant-gagnant.
« Ce partenariat aidera à augmenter la productivité en stimulant le progrès technologique et l’innovation, tout en créant simultanément des emplois plus qualifiés dans le secteur formel de nos économies », a-t-il insisté.
Distribué par APO Group pour African Development Bank Group (AfDB).
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