Démarrée le 15 février dernier, la campagne anacarde tire vers sa fin, sur fond de grandes inquiétudes et de mécontentement des producteurs. Pour cause, ces derniers sont très peu représentés dans l’organisation interprofessionnelle et les prix n’ont pas connu la hausse souhaitée.
La campagne 2018 de l’anacarde s’était pourtant ouverte sur fond d’espoirs pour les producteurs et les prévisions étaient de 750 000 tonnes. Avec un prix au kilo fixé à 500 francs CFA bord champs au démarrage de la campagne (60 francs CFA de plus qu’en 2017), ils espéraient pouvoir, à l’instar de l’année précédente, atteindre la barre des 900, voire 1 000 francs CFA. À quelques jours de la fin du mois d’avril, la date butoir, les espoirs ont été déçus et aucune bonne nouvelle ne pointe à l’horizon. Selon les producteurs, les taxes et autres prélèvements imposés par le Conseil coton anacarde (CCA), notamment un Droit unique de sortie (DUS) de 10 francs CFA et une rétention de 15% sur les achats de noix brutes de cajou prêtes à l’exportation, ne sont pas pour rien dans cette situation. Ces dispositions rendent en effet les exportateurs frileux, et d’après le président de la Fédération nationale des producteurs d’anacarde de Côte d’Ivoire (FENAPACI), Adama Bamba, ils hésitent à acheter les produits, de peur que leurs noix ne soient confisquées dans les ports. La situation fait craindre une dégradation de la qualité des noix, longtemps stockées, et une incidence négative sur le prix d’achat aux producteurs, les noix retenues étant réservées aux industries locales de transformation.
Menace sur la traite 2018 ? Les producteurs, qui constituent au moins 60% de la chaîne des valeurs de la filière cajou, souffrent d’un défaut de représentativité, faute de mise en place d’une Organisation interprofessionnelle agricole (OIA) dans leur secteur. La FENAPACI, qui revendique 28 unions de sociétés coopératives et 352 sociétés coopératives, pense qu’il est temps que les acteurs eux-mêmes prennent le contrôle de la filière en créant l’interprofession attendue depuis la disparition de l’Intercajou en 2011. Réunis le 7 avril à Yamoussoukro, ils se sont donnés deux semaines pour la mise en place de l’OIA. Un bras de fer s’annonce, car le CCA soutient qu’aucune organisation professionnelle agricole de la filière anacarde prise individuellement ne remplit les critères de représentativité prévus par les textes. À savoir, la capacité de fournir 15% de la production nationale de noix de cajou, et de regrouper 37 500 producteurs.
Ouakaltio OUATTARA