Les systèmes solaires décentralisés gagnent du terrain dans les zones urbaines en Afrique et offrent de belles opportunités aux investisseurs, dans un contexte où plus de 600 millions d'Africains n'ont pas encore accès à l'électricité.
Selon un rapport publié le 20 janvier dernier par le Centre européen de gestion de politiques de développement (European Centre for Development Policy Management / ECDPM), un think tank basé au Pays-Bas, les systèmes solaires décentralisés offrent des opportunités d’investissement et de financement estimées à de 9,9 milliards de dollars sur le continent africain d'ici 2030. Ce rapport précise que les pays du continent ont connu une augmentation importante du déploiement de ces systèmes solaires hors réseau, notamment dans les zones rurales, où ils sont en passe de remplacer les coûteux groupes électrogènes fonctionnant au diesel grâce à leurs coûts abordables. Entre 2016 et 2019, quelque 8,5 millions de personnes en Afrique subsaharienne ont pu accéder à l'électricité grâce à aux systèmes solaires off-grid.
Puissance Le continent a en effet capté 70% des investissements enregistrés dans les systèmes solaires décentralisés à l’échelle mondiale entre 2010 et 2020. Des pays comme Kenya, l'Ouganda, la Tanzanie et le Nigeria ont été les principaux bénéficiaires de ces investissements, qui sont passés d’une moyenne de 0,5 million de dollars en 2010 à plus de 380 millions de dollars en 2020 à l’échelle continentale. Le rapport, intitulé «Développer l’énergie propre en Afrique », indique également que les systèmes solaires décentralisés, qui étaient à l’origine dédiés aux zones rurales reculées, se développement rapidement dans les villes africaines, rappelant qu’une étude publiée fin 2022 par l’Institut français des relations internationales a révélé que la capacité solaire décentralisée installée dans 14 villes africaines, dont Ouagadougou, Accra, Le Cap, Dakar, Lagos, Nairobi, Niamey et Windhoek, se situe entre 184 et 231 mégawatts (MW). Entre 2000 et 2020, l'Afrique a attiré près de 60 milliards de dollars d'investissements dans les énergies renouvelables (hors hydroélectricité à grande échelle). Entre 2010 et 2020, ces investissements se sont multipliés par dix, passant de 0,5 à 5 milliards de dollars en moyenne par an, soit un taux de croissance supérieur à celui enregistré dans toutes les autres régions du monde. La somme cumulée de ces investissements ne représente cependant que 2% des investissements répertoriés dans les énergies renouvelables à l’échelle planétaire. Les énergies renouvelables représentent désormais environ 3% de la capacité de production énergétique totale du continent, mais ce chiffre cache de grandes disparités entre les pays.
Yvan AFDAL