Privatisations, le pourquoi et le comment

L’État vient d’annoncer la cession de 5% du capital de la SIB

La privatisation de certaines sociétés publiques en Côte d’Ivoire, parmi lesquelles des banques à participations majoritaires de l’État, vise au-delà de l’option libérale, une “ rentabilité du portefeuille de l’Etat dans un climat de relance économique “, selon le banquier ivoirien, Guillaume Kokora.

Le gouvernement ivoirien a annoncé en 2013 la privatisation de 15 entreprises publiques, parmi lesquelles Côte d’Ivoire Télécom, où l’État devrait céder 28% de ses parts, les ramenant à 20% du capital (contre 51% pour le groupe français Orange), une opération qui devrait rapporter 4,3 milliards de francs CFA. Et selon un rapport, les parts détenues par l’État dans les entreprises pèsent 34,2 milliards de francs CFA. L’un des constats qui se dégage est la « volonté des autorités publiques de permettre au secteur privé de s’exprimer et de tirer la croissance. Une croissance devant être redistribuée par le biais des infrastructures sanitaires, scolaires (…), via le prélèvement des taxes et impôts générés », estime un analyste de risques pays, qui a requis l’anonymat. La privatisation des banques et autres structures de l’État s’inscrit donc dans une dynamique de bonne gestion, car « les exigences de rentabilité et d’une gestion par le privé sont plus fortes que celles effectuées par le public », poursuit l’expert.

Un autre avantage est le transfert des technologies, les sociétés affiliées aux grands groupes bénéficiant du savoir-faire et des outils de gestion à même de renforcer les compétences sur le plan local, renchérit-il. L’État veut ainsi rassurer les investisseurs étrangers sur le retour sur investissement, tout en leur montrant qu’il n’est « pas leur concurrent ». Cette politique de privatisation présente néanmoins « des insuffisances qu’il convient de relever, la première étant d’ordre psychologique », estime Guillaume Kokora, spécialisé dans l’audit d’activités bancaires. Selon lui, la clientèle des banques ciblées serait tentée de changer d’établissement sous le prétexte que leurs économies seraient menacées par une gestion approximative avant le changement de dirigeants. Le cas de la BFA (banque publique liquidée) et de la CNCE, sous administration provisoire, est évocateur de ce risque encouru. Une communication stratégique devrait être effectuée par les acteurs concernés en vue de conforter la confiance de tous les partenaires. « Un autre risque se trouve dans le dégraissage des effectifs, qui « pourrait alourdir le coût social », commente-il. Par ailleurs, « le souci de rentabilité peut contrarier les objectifs de développement », parce que le privé évite par exemple de construire des agences dans des zones à faible potentialité économique, alors que « l’État souhaiterait la présence de banques pour payer ses fonctionnaires et permettre un niveau de transaction financière locale et régionale minimal », poursuit-il.

Perte de contrôle sur le système financier

Une autre conséquence de la privatisation serait « la perte de contrôle de l’État sur le système financier », alors que toutes les grandes économies en développement s’appuient sur un système bancaire fort avec une présence de banques publiques,, ajoute l’expert en analyse de risques pays. Le gouvernement ivoirien a décidé mi-mars d’injecter 35 milliards de francs CFA pour financer la restructuration de la Caisse nationale des caisses d’épargne (CNCE), en vue de permettre la poursuite des activités de cette banque publique, sous administration provisoire depuis 2015. Assisterons-nous à une fusion entre les deux banques publiques BNI et CNCE ?

Patrice ALLÉGBÉ

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