Aujourd’hui, le secteur du transport est l’un des milieux les plus corrompus. Etes-vous acteurs de cet état de fait ou le subissez-vous ?
Il y a beaucoup d’arrangements dans le milieu du transport, nous le reconnaissons. Les arrangements sont plus du fait des chauffeurs. Mais, quand il y a un corrupteur c’est qu’il y a aussi un corrompu. Dans les autres pays de la sous-région, vous ne verrez pas des policiers prendre de l’argent avec les chauffeurs lorsqu’ils n’ont pas leurs papiers ou quand ils sont en infraction. Il est interdit d’emprunter les voies de la Sotra, mais qui les empruntent aujourd’hui ? Les forces de l’ordre.
Il ressort des différents constats que de nombreux véhicules, notamment dans le transport en commun, roulent avec des pièces de véhicules défaillants. La visite technique passe à la trappe…
C’est le sous développement qui cause cela. À l’intérieur du pays, 80% des véhicules n’ont pas de pièces. Sur 100 taxis aujourd’hui, 90% n’ont pas de visite technique. Ces véhicules roulent au nez et à la barbe des forces de l’ordre.
Comment ces véhicules arrivent-ils à passer les contrôles ?
Le manque de rigueur. Au niveau du contrôle des patentes, par exemple, lorsque l’Etat constate aux dates indiquées que l’argent ne rentre pas, il fait sortir massivement les policiers pour contrôler les véhicules sur le terrain. C’est la patente ou la fourrière. Au niveau de la visite technique, la même règle doit être appliquée, mais on ne le fait pas.
Le chauffeur, lui-même, prend-il conscience du danger qu’il représente ?
Il faut reconnaitre que la visite technique aujourd’hui en Côte d’Ivoire n’est pas aisée. On vous fait recaler pour une simple fissure sur la vitre.
Est-ce le coût de la visite qui pose problème ?
Non, la carte de visite tourne autour de 16 000 FCFA, pour certains véhicules. C’est l’âge des véhicules qui complique la situation.
D’après les constats, certains propriétaires utilisent momentanément les pièces de d’autres véhicules pour aller faire leurs visites techniques. Et dès qu’ils finissent, ils remettre les vieilles pièces pour prendre la route…
C’est exagéré. Il arrive qu’un propriétaire ait trois à cinq voitures en circulation. Et lorsque l’une de ses voitures de transport va faire la visite technique, il prend des pièces sur une voiture qui est garée pour des problèmes mécaniques. C’est différent.
On parle de plus en plus des états généraux du transport. Quels sont les maux les plus urgents qu’il faut régler dans le milieu?
il faut commencer par les conditions de vie et de travail des chauffeurs. S’il y a des accidents de la circulation, c’est parce qu’ils courent au quotidien après leurs recettes. Il faut amener les propriétaires de véhicules de transport à les déclarer à la CNPS. Il faut aussi lutter contre la corruption et assainir le secteur.
Entretien réalisé par Raphaël TANOH