Vers l’énergie pour tous en Côte d'Ivoire grâce aux partenariats public - privé (PPP)

La Côte d'Ivoire vise à atteindre l'accès universel à l'énergie d'ici 2025, tout en triplant sa capacité de production d'ici 2030. Grâce à un modèle énergétique public - privé, elle se donne les moyens d’atteindre ces objectifs énergétiques ambitieux. La Côte d'Ivoire est sur une belle lancée économique : depuis 2011, la croissance du PIB a été en moyenne de 8% par an, ce qui en fait non seulement l'un des pays les plus dynamiques d'Afrique subsaharienne, mais aussi du monde. Avec l'économie et la demande d'énergie en plein essor, le gouvernement ivoirien a placé le secteur de l'énergie en tête de son agenda.

Cela est essentiel, parce que, malgré une économie florissante, le butin de la croissance n'est pas partagé également. Trois Ivoiriens sur cinq ont accès à l'énergie, mais il existe un écart important entre les citadins (80%) et les ruraux (37%), le nord rural étant encore moins connecté que ses compatriotes du sud.
Les coûts élevés de connexion initiale au réseau national restent prohibitifs pour beaucoup. Mais ce n'est pas tout. Pour ceux qui sont connectés, le réseau de 5 000 km d'énergie haute tension compte des systèmes obsolètes, qui ont entraîné des pertes d'environ 22%.

Des plans ambitieux pour l'avenir Alors, comment le gouvernement entend-il remédier à ces problèmes et améliorer le secteur de l’électricité ? Grâce à des partenariats public - privé (PPP). En tant que premier pays d'Afrique subsaharienne à ouvrir son secteur énergétique aux producteurs indépendants, il n'est pas surprenant qu'actuellement 55% de sa production provienne de trois sociétés privées : Ciprel (556 MW), Azito Energie (440 MW) et Aggreko (210 MW).

En octobre 2019, le ministre de l'Énergie, Abdourahamné Cissé, a fait part au Parlement ivoirien du succès du projet PEPT (Programme Électricité Pour Tous). Ce programme, un partenariat avec la société publique - privée d'électricité de Côte d'Ivoire (CIE), vise à électrifier tous les villages et villes de plus de 500 habitants, à travers une combinaison de projets hors réseau et sur réseau. La CIE a introduit des tarifs aussi bas que 1 000 FCFA (1,5 EUR) au lieu de 150 000 FCFA (225 EUR) pour que les moins nantis puissent accéder au réseau, tandis que les villages hors réseau bénéficient de kits solaires domestiques et de mini-réseaux, améliorant encore la portée de l'approvisionnement en électricité. En moins de 10 ans, le nombre de localités électrifiées a plus que doublé, passant d’un taux de couverture de 33% en 2011 à 71% fin mars 2020. Sur les 14 derniers mois, 237 000 ménages supplémentaires ont été raccordés. Le ministre a cependant récemment annoncé que son département était à la recherche de 10 milliards FCFA pour atteindre les objectifs d’électrification fixés pour fin 2020.
Le gouvernement vise également à tripler la production d'électricité, à 6 600 MW, d'ici 2030, principalement en utilisant des producteurs indépendants. Par exemple, Azito a récemment reçu un financement pour l’extension du projet Azito 4, de 253 MW à 700 MW, tandis qu'un accord pour construire une centrale de 390 MW appelée Atinkou (ou Ciprel 5) a été signé en décembre 2018 avec Ciprel. Le recours aux acteurs privés ne montre aucun signe de ralentissement, car, lors de la signature de l’accord, Cissé a annoncé l’ambition de l’État de renforcer la capacité de production d’électricité du pays à travers de nouvelles unités gérées par des partenaires privés expérimentés.

Tirer parti du modèle public - privé L’engagement de la Côte d’Ivoire avec des sociétés énergétiques privées n’est pas propre à la région. En effet, les PPP sont courants dans toute l'Afrique de l'Ouest, car ils sont également populaires auprès des gouvernements et des entreprises privées. Les gouvernements préfèrent de tels partenariats car les entreprises privées installent les centrales et investissent à leur place. L'intervention du secteur privé réduit et optimise l'utilisation des ressources financières de l'État, qui peuvent ensuite être utilisées pour d'autres besoins tout aussi importants, tels que la santé ou l'éducation.

Les entreprises privées aiment les PPP pour la même raison. Certains projets ne sont pas finançables dans le secteur privé car le risque est trop élevé ou le rendement est inférieur aux attentes du marché pour le niveau de risque perçu. Dans le modèle PPP, le risque est partagé. 
Alors que le gouvernement ivoirien a montré une préférence pour le recours aux partenaires privés historiques pour développer sa production thermique et hydroélectrique, il souhaite également porter la part des autres énergies renouvelables hors hydroélectricité, comme la biomasse et l'énergie solaire, à 16% d'ici 2030. Selon Wärtsilä, la situation énergétique idéale en 2030 serait composée d'hydroélectricité, de solaire, de biomasse et de moteurs thermiques flexibles. Pour cela, le gouvernement a besoin de la flexibilité que les moteurs à gaz offrent, ainsi que de capacités de stockage d’énergie.
Le plus grand défi de la Côte d'Ivoire est de changer le mix énergétique. Jusqu'à présent, le pays ne compte que sur les turbines à gaz et l'hydroélectricité, mais la croissance des énergies renouvelables, telles que l'énergie solaire, nécessitera une capacité thermique plus flexible en complément de l'hydroélectricité, pour pallier l'intermittence du renouvelable. Du point du réseau, le suivi de la charge, la réserve de démarrage rapide et la régulation de la fréquence seront nécessaires pour maintenir un réseau stable. Les turbines à gaz n’ont pas cette flexibilité, mais les moteurs l’ont.
Le plan énergétique 2030 identifie 66 projets, qui nécessiteront des investissements privés. La porte est donc grande ouverte pour que de nouveaux partenaires privés puissent contribuer massivement au développement énergétique du pays.

Cyndo Obre, responsable du développement de projets chez Wärtsilä Energy Business

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