La lauréate de l’ASCAD veut vaincre un pernicieux parasite 

Djénéba Camara vise loin.

On s’en souvient, la 3ème édition de l’Académie des Sciences, des Arts, des Cultures d’Afrique et des Diasporas africaines (ASCAD) a permis de découvrir une chercheuse ivoirienne qui vient au secours de la femme enceinte. Mais qui attend aujourd’hui de monter son affaire.  

Très peu de personnes connaissent la toxoplasmose.  Cette maladie parasitaire, bénigne, voire même asymptomatique dans la grande majorité des cas, touche hélas, environ un tiers de la population mondiale. Chez la femme enceinte, elle peut entrainer la mort du fœtus. Il existe certes des médicaments, mais tout comme le paludisme, le parasite résiste, s’adaptent. D’où la nécessité de trouver un traitement adéquat.  C’est là qu’intervient Dr Camara Djeneb, chercheuse émérite, botaniste-éthnopharmacologiste à l’université Félix Houphouët Boigny. Cette quarantenaire, avec ses confrères, veut participer à la transformation de l’économie ivoirienne, peut importe le domaine. Et parvenir un jour à la production de médicaments à grande échelle contre toxoplasmose, pourrait rendre le traitement moins coûteux pour les Ivoiriens. Il ne s’agit pas pour elle de faire du business. Son effort s’avère, à mi-chemin, payant. Puisqu’ elle a décroché en novembre 2018, le premier prix de la bourse de l’Académie des sciences, des arts, des cultures d’Afrique et des diasporas africaines (ASCAD), d’une valeur de 6 800 000 FCFA. La première femme à monter sur la plus haute marche. Prête à avoir son propre laboratoire, la chercheuse, marié et mère de plusieurs enfants, attend un soutien financier. Et pour Dr Camara Djeneb, assez réservée, le travail consistera à trouver des financiers prêts à l’accompagner. Malgré la bourse de 10 millions qu’elle a eue récemment avec le Programme d’Appui stratégique à la recherche scientifique (Pasres), le compte n’y est pas. « Le matériel de recherche coûte cher et nous n’en avons pas dans nos laboratoires. Lorsque nous demandons de l’aide, il faut éviter de les mentionner, pour espérer avoir du financement. Pourtant, ils restent indispensables. Dans mon cas, je suis obligée d’aller en France, solliciter un laboratoire pour poursuivre mes travaux », explique-t-elle. Ses besoins réels, dit-elle, sont estimés à 40 millions de F. Alors que les primes de recherche en Côte d’Ivoire sont en voie d’être revues à la hausse et qu’un fonds pour la recherche forte pour l’instant de 500 millions FCFA a été annoncé, le chemin semble encore long pour les chercheurs ivoiriens.

Raphaël TANOH

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