Les experts économiques estiment que le succès économique continental dépendra en grande partie de la technologie, des outils et des compétences numériques.
L’ancienne ministre nigériane de la Technologie des communications, Dr Omobola Johnson, a dirigé le 25 mars la conférence annuelle Adebayo Adedeji, à l’occasion de la Conférence des ministres, à Marrakech, organisée en mémoire de l’universitaire nigérian, l’un des plus grands défenseurs de l’intégration régionale africaine. Il a été le troisième Secrétaire exécutif de la Commission économique pour l’Afrique (CEA), est resté le plus longtemps à ce poste (1975 - 1991) et est reconnu et admiré pour avoir préconisé une nouvelle approche du commerce international et du développement économique en Afrique. Il est également l’un des précurseurs de la CEDEAO et ses idées font partie des fondements sur lesquels s’appuie la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC).
Encore cher « Avons-nous suffisamment démontré que la technologie numérique pouvait transformer l’Afrique. Qu’est-ce qui nous retient ? », s’est interrogée Omobola Johnson devant les délégués et les experts participant à la Conférence des ministres des Finances et du développement économique de la CEA. « Tout d’abord, les coûts doivent diminuer : le continent souhaite atteindre l’objectif convenu internationalement selon lequel 1 gigaoctet de données ne doit pas coûter plus de 2% du revenu mensuel national moyen. En Afrique, ce coût représente actuellement 8,76% du revenu mensuel moyen, contre 3,5% en Amérique latine et 1,54% en Asie. Et, selon nos derniers chiffres, ce coût a augmenté l’an dernier », a-t-elle détaillé. Selon elle, certaines mesures fiscales concernant les infrastructures numériques et des taxes sur l’usage, bien qu’attrayantes, pourraient accroître le coût de la numérisation et diminuer son effet transformateur.
Long chemin Tawanda Sibanda, associé de la société de conseil internationale McKinsey, relève pour sa part que depuis cinq ans que le rapport Lions Go Digital évalue les progrès accomplis les résultats sont mitigés. Les analystes avaient estimé que la transformation numérique pourrait accroître le PIB de 8% d’ici 2025 et générer un impact économique de 300 milliards de dollars dans les secteurs de la santé, de l’éducation, du détail, de l’agriculture et des services financiers. « Bien que certains chiffres soient meilleurs que prévu, la pénétration du smartphone, par exemple, la transformation numérique n’a pas donné les résultats macroéconomiques escomptés ». La part des personnes bancarisées, par exemple, est passée de 26 à 33%, une évolution bien trop faible, en cinq ans.
Ouakaltio OUATTARA