On pourrait penser à une déconnexion totale des bourses africaines de l’évolution des matières premières du continent. Mais, si cela est vrai dans certains cas, les deux secteurs s’influencent pour des ajustements très progressifs.
Les prix des matières premières africaines et les indices boursiers de la région ont connu une évolution contrastée au cours des 36 derniers mois, a pu constater l'Agence Ecofin à la lecture des indicateurs fournis par la firme d'analyse et d'accompagnement stratégique Riscura.
Dents de scie Sur les 8 principales matières premières minières du continent, seul le pétrole affiche une valeur en baisse sur la période analysée. Pour ce qui est des matières premières agropastorales, seule la valeur des produits d'élevage a baissé sur un total de 7 produits. Concernant la performance des marchés financiers, on note que sur un total de 14 indices boursiers suivis, seuls le South Africa All Share Index et le Tunindex affichent une tendance à la hausse. Mais les progressions respectives de 2,9% et 1,2% sont assez modestes comparées à ce que l'on peut observer avec les prix des matières premières. À première vue, on pourrait conclure que les secteurs prioritaires de production des économies africaines ne sont pas connectés avec les bourses du continent. L'exemple ivoirien tend à le démontrer. Aucune entreprise d'envergure cotée à la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM) d'Abidjan ou au Ghana Stock Exchange n'est dans le cacao. Les deux pays sont les leaders mondiaux de cette matière, dont la chaîne de valeur est estimée à 61,34 milliards de dollars à l'horizon 2027. Cet exemple mis de côté, il y a sur les bourses africaines des sociétés du secteur des matières premières qui sont cotées. C'est le cas en matière de caoutchouc, d'huile de palme, de fer, de palladium ou d'argent. Mais la réalité est que les prix affichés actuellement n'ont commencé à progresser qu'il y a une douzaine de mois. Le fer, le cuivre ou encore l’or, les matières premières qui ont le plus progressé, n'ont commencé à revenir qu’il y a quelques mois. Les principales sociétés qui y sont actives sont cotées sur le Johannesburg Stock Exchange. C'est donc en toute logique que le principal indice de cette bourse affiche une progression de 5,9% depuis le début de l'année. Sur les autres bourses, la connexion est plus indirecte. De bons revenus des matières premières impliquent une plus grande consommation des biens et services, ce qui dope les performances des secteurs financiers ou de la grande distribution.
Yvann Afdal