Plombés par la décennie de crise, les services de microfinance en Côte d’Ivoire marquent une forte progression. Avec un bond spectaculaire des dépôts de plus de 300%, les acteurs du secteur peuvent se frotter les mains.
Le secteur de la microfinance enregistre un regain de dynamisme qui, selon des sources officielles, est en phase avec l’embellie de l’économie ivoirienne constatée ces cinq dernières années. Conséquence d’une série de réformes entreprises depuis 2012 pour assainir les entreprises du secteur, qui a connu de nombreuses fermetures d’Institutions de microfinance (IMF). Cela n’a pas empêché l’arrivée de firmes internationales, comme Microcred et Advans et le Marocain Atlantic Microfinance. Elle a contribué à tirer vers le haut l’offre de services, avec des effets probants. Fin 2017, la Côte d’Ivoire comptait 53 IMF, un record encourageant, selon les agents du ministère en charge de l’Économie et des finances.
Un bond impressionnant Selon les chiffres du département de l’Économie et des finances et du cabinet Oxford Business Group (OBG), rendus publics le 8 janvier, les dépôts dans les IMF ont progressé de 347% en 5 ans, passant de 72 milliards de francs CFA en 2012 à 250 milliards en 2017. Une évolution qui s’est accompagnée d’une croissance de l’encours de crédit sur la même période, à 250 milliards de francs CFA en 2017 contre 57 en 2012. Témoignant ainsi, selon Ismaël Coulibaly, expert en microfinance, « du renouveau du secteur ». Selon lui, d’après les chiffres du cabinet Oxford Business Group (OBG), la base de clients des IMF a plus que doublé entre 2014 et 2016, pour atteindre 1,17 million de comptes, avec des dépôts de l’ordre de 210 milliards fin 2016. Seydou Sangaré, cadre dans une IMF, explique également qu’outre l’assainissement du secteur, « les institutions de microfinance, autrefois cantonnées au milieu urbain, se rapprochent de plus en plus du monde rural ». Autre fait important, la restructuration en cours de l’UNACOOPEC, le plus vaste réseau de microfinance ivoirien, qui détient plus de 60% des parts du marché. Placé sous administration provisoire depuis 2012, il a réduit le nombre de ses agences de 123 à 57, avec la perspective de passer à 24 agences via des opérations de fusion - absorption. Elles vont permettre de sauver de la faillite une structure dont le nom est associé à l’histoire de la microfinance dans le pays et dont la disparition risquait de compromettre l’avenir du secteur. Mais, avec un taux de pénétration bancaire de 34%, en intégrant les IMF, d’énormes efforts restent encore à faire, comparativement aux chiffres de 40% au Ghana et de 75% au Kenya.
Ouakaltio OUATTARA