Cent cinquante milliards de francs CFA seront bientôt injectés dans l’industrie du ciment par le groupe nigérian Dangote. une autre bouffée d’oxygène pour ce secteur caractérisé par une consommation progressivement en hausse, qui est en voie de dépasser les capacités de production locale.
La localité d’Attinguié, à 30 km d’Abidjan sur l’axe Abidjan-Yamoussoukro, verra bientôt une nouvelle ci- menterie sortir de terre. Il s’agit d’un projet du groupe nigérian Dangote, sur une superficie d’environ 50ha. Investissement annoncé: 150 milliards de francs CFA, avec à la clé la création de 2 000 à 3 000 emplois directs et indirects. À cet effet, l’homme d’affaires Aliko Dangote, première fortune d’Afrique, est annoncé à Abidjan dans quelques jours, pour rencontrer le président Alassane Ouattara. On devine qu’au menu des échanges, les questions liées aux facilités d’investissement seront évoquées, de même que les autres secteurs dans lesquels le géant nigérian pourrait investir, tels que le sucre ou la farine.
Baisse des prix ?
L’usine annoncée atteindra à terme une production annuelle de 44 millions de tonnes de ciment, une réplique de celle du Nigéria, la plus grande d’Afrique de l’Ouest, qui servira d’autres pays autour de la Côte d’Ivoire, notamment le Mali et le Burkina. À priori une bonne nouvelle pour les consommateurs ivoiriens, qui pourraient bénéficier d’une baisse des prix. Situés entre 79 960 et 83 500 francs CFA la tonne sortie d’usine, ils sont restés inchangés durant la période de raréfaction du ciment au premier trimestre 2015. Mais au niveau des grossistes et détaillants, le prix était passé de 90 000 à 110 000 francs à Abidjan, tandis que dans cer- taines villes de l’intérieur, il était monté jusqu’à 140 000, voire 160 000 francs CFA. Après l’opération d’importation des 300 000 tonnes décidée par le gouvernement pour combler le déficit constaté au premier trimestre 2015, une tendance à la baisse avait été constatée, laissant augurer d’une normalisation progressive des prix pour retrouver le niveau d’avant janvier 2015. L’arrivée annoncée de Dangote devrait accélérer ce mouvement.
Concurrence exacerbée
Avec une production annuelle qui est passée de 1,4 million de tonnes en 2011, à 2,9 mil- lions en 2015, et une projection à 3,4 millions en 2016 et 4 millions en 2017, soit un accroissement de 10,69% en moyenne par an, le marché est aujourd’hui tenu par quatre cimentiers. La Société des ciments d’Abidjan (SCA-950 000 t), la Société des ciments du Sud-Ouest (SOCIM-500 000 t), la Société ivoirienne des ciments et matériaux (SOCIMAT-950.000 t), et Ciment d’Afrique (CIMAF-500 000 t), détenue par le groupe marocain Addoha, déjà présent dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Pour les concurrencer, le Groupe Dangote annonce déjà que le ciment produit à Attinguié sera de meilleure qualité et moins cher que celui actuellement vendu sur le marché ivorien. Si publiquement, les concurrents évitent d’expri- mer leurs inquiétudes, certains d’entre eux, joints au téléphone, confient craindre pour la survie de leurs activités. « Quand vous avez un concurrent qui exporte sans frais de douanes ses matières premières et qui veut, à lui seul satisfaire tout le marché, il y’a de quoi craindre pour l’avenir de votre entreprise et celui de vos employés », nous a confié l’un d’entre eux.
Benoît TANOH