Depuis la fin de la crise en 2011, la Côte d’Ivoire tente de faire de ses ressources minières la deuxième mamelle de son économie après le cacao dont l’instabilité des cours mondiaux lui joue souvent des tours.
Ces 6 dernières années, ce sont environ 200 permis de recherches et d’exploitations qui ont été délivré selon l’ex porte-parole du gouvernement ivoirien, le ministre Bruno Nabagné Koné. L’industrie minière ivoirienne a enregistré ces dernières années des performances record, des résultats attribués au code minier de 2014 considéré comme l’un des plus attractifs au monde. En 2017, le chiffre d’affaires officiel du secteur minier était de 539 milliards FCFA, soit 821,7 millions d’euros, dominé par l’or dont la production est passée de 12,3 tonnes en 2011 à 25,4 tonnes l’année dernière.
« A date, le pays compte plus de cent industries minières dont principalement quatre dans le secteur de l’or qui tire la production » selon le président du groupement professionnel des miniers de Côte d’Ivoire (GPMCI), Ibrahima Danso. Il s’agit de la mine de Tongon (Nord, 700 km d’Abidjan) exploité par le britannique Randgold Ressources. Son PDG Mark Bristow, qui projette la fermeture de cette mine dans cinq ans, annonçait, en février dernier, « un investissement de 60 milliards dans la recherche dans d’autres villes du pays. »
La mine de Bonikro (Nord-Ouest, 250 km d’Abidjan) exploitée par l’australien Newcrest, a débuté sa production en 2008. Les mines d’Ity et d’Agbaou (Nord-Ouest, 480 km d’Abidjan) sont les plus anciennes. L’or a été découvert pour la première fois près du village d’Ity dans les années 1950 et la première production moderne est intervenue en 1991. La mine à ciel ouvert d’Agbaou est située à environ 200 km au nord d’Abidjan.
Mais au-delà de ces quatre principales entreprises, selon les chiffres officiels du ministère des mines auxquels nous avons eu accès, « sur 164 permis de recherche minière accordés, 138 l’ont été principalement dans le secteur de l’or, soit plus de 84% du total. A ces chiffres, il faut ajouter 13 autorisations d’exploitation minière artisanale délivrées en 2017, dont 8 pour l’or et 5 pour le diamant » explique un fonctionnaire du ministère des mines.
Pour poursuivre la dynamique de développement amorcée, l’Etat de Côte d’Ivoire poursuit ses reformes et actions. Il s’agit notamment de la finalisation du processus de déguerpissement relatif à l’orpaillage et à l’attribution des autorisations minières artisanale et semi-industrielle dans les zones dédiées, avec l’encadrement des orpailleurs autorisés par des agents techniques de l’administration.
Guinée : une expérience proche de la Côte d’Ivoire
Pour sa part, l'économie guinéenne repose sur le secteur minier avec 26% du PIB, (y compris la transformation de bauxite et alumine) devant l'agriculture (20%), contrairement à la Côte d’Ivoire. Après un ralentissement enregistré entre 2014 et 2015 en raison de l’épidémie de fièvre à virus Ebola, l’activité économique a rebondi en 2016, avec un taux de croissance réelle du PIB estimée à 6.6 pourcent, grâce notamment à une production minière en augmentation du fait du démarrage des nouveaux projets. Le secteur guinéen de l'or se porte à merveille avec 25 tonnes produit par an. Cette performance se justifie selon les autorités du pays par la mise en place d'une méthodologie efficace pour recueillir les données réelles.
Organisation de la lutte
Le gouvernement ivoirien a adopté une série de mesures visant principalement à renforcer la lutte contre le phénomène de l’orpaillage clandestin. Ces mesures, arrêtées en conseil des ministres du 03 mai 2017 visent à renforcer la politique de rationalisation de cette activité illicite et de réduire significativement ses conséquences désastreuses sur l’environnement et la santé des populations. A cet effet, il a été décidé de l’élaboration de la cartographie des régions les plus touchées. Les autorités ivoiriennes misant également sur l’implication et la responsabilisation dans cette lutte, du corps préfectoral dans les régions concernées. Pour rappel, face à l’expansion du phénomène de l’orpaillage clandestin, le gouvernement ivoirien avait adopté en octobre 2013 un programme triennal (2013-2016) de rationalisation de l’orpaillage. Ce programme avait permis la fermeture de 429 sites répartis sur l’ensemble du territoire ivoirien, l’interpellation de centaines d’orpailleurs clandestins et la saisie de matériels d’exploitation, de produits chimiques et de stupéfiants, etc.
Selon le directeur national des mines en Guinée, Fodé Bereté, la rentabilité de l’exploitation artisanale est dû à une certaine réglementation que l’Etat a faite via leur service. « Nous avons d’abord élaboré des textes d’application des articles dans le code minier qui parlent de l’exploitation artisanale, notamment de 54 jusqu’à 59 ». Dans ces textes, il est définit la parcellisation des zones d’exploitation, communément appelée des couloirs d’orpailleurs, histoire d’amoindrir les conflits entre les sociétés minières et les exploitants artisans. Désormais, un exploitant n’a droit que deux parcelles (2 hectares) soit 50 mètres sur 100, renouvelable chaque année, dit-il.
Ouakaltio OUATTARA
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