Entre sauver le consommateur final d’huile de palme et sauvegarder des emplois, la course semble lancée. Un véritable dilemme pour les dirigeants d’une filière qui produit plus 500 000 tonnes par an.
Depuis début mai, les producteurs plaident pour une levée de la suspension des prix du régime de palme bord champ. Il avaient connu une hausse consécutive à l’augmentation du cours mondial du palmier à huile. Pour rappel, face à cette hausse, le gouvernement avait réagi en exigeant la suspension de l’augmentation du prix de ce produit avec le maintien des prix antérieurs, au grand soulagement des consommateurs, qui se plaignaient. Les prix avaient augmenté sur le marché et le bidon de 25 litres de la marque Dinor était passé de 20 000 francs CFA à 24 500. Et il fallait débourser 1 700 francs CFA pour la bouteille de 1,5 litre de la marque Aya, contre 1 450 auparavant.
Dilemme Faut-il sauver le consommateur final ou les producteurs de la filière de l’huile de palme, qui génère 220 000 emplois directs ? Voici la question qui est sur la table des autorités en charge de de la filière palmier à huile, qui revendique un chiffre d’affaires annuel de 500 milliards de francs CFA pour une production de 500 000 tonnes par an. Trois mois après la suspension des prix du régime de palme bord champ, les acteurs grognent. Les producteurs, réunis autour de l’Association interprofessionnelle de la filière palmier à huile (AIph) et de l’Association professionnelle des sociétés agricoles de palmiers de Côte d’Ivoire (Aprosapci), exigent le déblocage du prix du régime de palme bord champ imposé par l’État, à hauteur de 61 000 francs CFA la tonne depuis janvier 2021. Pour eux, en accord avec le gouvernement, la suspension devait durer trois mois. Alors, si rien n’est fait, ils comptent passer à une autre étape en libérant les prix. Un « retour en arrière » qui n’arrangera pas les consommateurs, qui craignent une nouvelle flambée des prix sur le marché. D’autant plus qu’une tendance haussière des cours mondiaux a été observée entre janvier et mai 2021. Et la tonne du régime de palme, qui devait être estimée à 80 410 francs CFA, est maintenue à 61 000 francs, occasionnant, selon les producteurs, une perte d’environ 20 000 francs CFA pour les planteurs.
Yvan AFDAL