Un peu moins de 150.000 tonnes de cayenne lisse disponible. Les stocks de cette variété d’ananas dont la Côte d’Ivoire s’est classée au rang de premier producteur ouest-africain, des années durant, n’ont plus la côte aussi bien dans les plantations comme sur le marché européen.
«La filière vit ses derniers jours», estime Abou Coulibaly (41 ans), manœuvre agricole sur le site de Bonoua, à une quarantaine de kilomètres à l’est d’Abidjan.
Envisagé au début de la décennie 2000-2010, le programme de reconversion variétale de l’Organisation centrale des producteurs et exportateurs d’ananas et bananes (Ocab), s’est heurté à la fois à un déficit d’investissement et de financement.
En 2016, «10 milliards FCFA suffisent pour la relance de la filière ! », s’exclame sous le sceau de l’anonymat un administrateur de la faîtière de l’ananas, jugeant «inadmissible» le désintérêt de l’Etat ivoirien pour une culture de rente tout autant génératrice de revenus comme le café et le cacao, la noix de cajou ou le soja.
Mieux rémunérée sur le marché européen, la variété Md2 dont les exportations propulsent le Costa Rica en position de géant des fournisseurs sud-américains, rend la cayenne lisse indésirable en occident
«Un déclassement de la variété nationale étant impossible, selon des experts de l’Ocab, en raison de la saveur de la richesse ivoirienne supérieure à celle du Costa Rica, la reconversion variétale n’a pu se confirmer», explique un ingénieur des techniques agricoles, Alain Koffi, au milieu de quelques plants de Md2 dans une plantation-pilote de Dabou, non loin d’Abidjan.
Depuis plus d’une quinzaine d’années, la distribution de rejets de Md2 promis aux paysans bute à la fois sur une crise entre partisans de la gratuité et inconditionnels d’un prix de vente moins onéreux compris entre 100 F CFA et 30 FCFA, faute de financement.
L’Union européenne avait décaissé 600 millions FCFA en 2005 sous forme d’appui aux paysans alors que la filière réclamait 2 milliards FCFA à ses partenaires occidentaux.
Pour 2015-2016, l’Etat ivoirien se fait discret au moment où la chute de la production de l’ananas (-16,4%) conjuguée aux difficultés de commercialisation, ne pousse pas à l’optimisme.
Tony NAHOUNOUX