Moody’s a entamé une revue qui pourrait aboutir au maintien de la note souveraine ba3 de la Côte d’Ivoire. L’initiative d’allègement de la dette du G20 est certes élargie aux créanciers du secteur privé, mais l’agence a confiance dans la solidité des fondamentaux macroéconomiques du pays.
L’analyse de l’agence de notation internationale, Moody’s a été publiée le 12 juin. Celle-ci annonce avoir placé la note souveraine de la Côte d’Ivoire en revue pour une révision à la baisse. Une décision fortement liée aux mesures d’allègement de la dette annoncées par les pays du G20, qui pourraient affecter le secteur privé. Moody’s craint en effet qu’un élargissement des mesures aux créanciers privés entraîne des pertes pour ceux-ci à court et moyen terme.
Solidité Malgré la crise sanitaire, la Côte d’Ivoire continue de jouir de fondamentaux fiscaux solides, du fait des réformes mises en œuvre depuis plusieurs années. « Le profil de crédit de la Côte d'Ivoire est soutenu par les perspectives de croissance de l'économie. Les fondamentaux budgétaires sont relativement solides », indique Moody’s. L'examen en vue d'un déclassement reflète « notre analyse selon laquelle la participation du pays à l'initiative de suspension du service de la dette du G20 (DSSI) augmente le risque que les créanciers du secteur privé subissent des pertes ». La suspension des obligations du service de la dette envers les seuls créanciers officiels n'aurait probablement pas d'incidence sur la notation. Cependant, l'appel du G20 aux créanciers du secteur privé pour participer à cette initiative dans des conditions comparables augmente le risque de défaut de paiement des dettes privées. Par contre, la note souveraine du pays pourrait être maintenue à ba3 (sa valeur actuelle), si l’analyse « conclut que la participation de la Côte d'Ivoire à l'initiative DSSI n'entraînera pas de défaut de paiement de la dette du secteur privé ». Alors qu’on s’attend à un élargissement du déficit budgétaire, à une hausse de la dette publique et à une baisse de la croissance économique à 3,9% cette année (contre près de 8% en 2019), le pays conserve donc des perspectives macroéconomiques solides. Il bénéficie d’un secteur financier robuste et son appartenance à l’UEMOA, ainsi que l’arrimage du franc CFA à l’Euro, permettent de renforcer ses comptes extérieurs et d’éviter une crise de la balance des paiements. De plus, les efforts de diversification entrepris ces dernières années ont permis de renforcer l’économie.
Yvann Afdal