Abidjan, Lomé, Accra et Dakar semblent lancés dans une concurrence sans précédent au niveau portuaire. Entre réformes et infrastructures, la course pour attirer plus de bateaux est rude.
Le Port autonome d’Abidjan (PAA) a le sommeil troublé. Les ports de Lomé, de Dakar et d’Accra se développent, parfois même plus vite que lui. Même si son directeur Yacouba Hien Sié veut rassurer sur sa place de premier de la côte ouest-africaine, la bourrasque souffle du côté de Lomé, devenu, c’est un secret de polichinelle, de loin le premier port ouest-africain de transbordement.
Réveil timide Les investissements, réalisés ou en cours, sont pourtant énormes et se chiffrent à plus de 1 125 milliards de francs CFA entre 2012 et 2020. Il s’agit de l’approfondissement et de l’élargissement du canal de Vridi, de la construction d’un nouveau terminal RORO, qui sera inauguré fin mai 2020, de celle d’un second terminal à conteneurs, dont les travaux d’infrastructures seront livrés fin 2019, d’un nouveau terminal céréalier et de la modernisation de l’actuel. Ce qui devrait permettre au PAA d’accueillir à partir de 2020 les plus grands navires. Avec cette performance, le PAA pourra rivaliser avec les ports de Tanger, au Maroc, et de Durban, en Afrique du Sud.
Concurrence Mais le PAA devra faire face à la montée de ses concurrents directs. Lomé est désormais le premier centre d’éclatement de la région et se positionne comme un solide leader dans le Golfe de Guinée, avec 1,2 million de conteneurs en 2018. Il est en concurrence directe avec son voisin de Tema, qui a réalisé avec succès la mise en service opérationnelle de deux premiers postes en juin 2019. Le premier navire de commerce s’est amarré avec succès en juillet 2019 et un troisième poste est en construction. Une fois achevé, ce nouveau terminal à conteneurs comportera un quai de 1,4 km de long, avec quatre postes d’embarquement, une cour de triage, un brise-lames de 3,5 km et un chenal d’accès portuaire de 19 m de profondeur. Quelque peu à la traine, le bénéfice de 6 milliards de francs CFA du Port autonome de Dakar en 2018 s’inscrit en trompe-l’œil, tant il est loin des performances de 2010, lorsque cette plateforme engrangeait 23 milliards de francs CFA. Assurant actuellement 65% du trafic à destination du Mali, Dakar doit surveiller de près Abidjan, qui convoite fortement cette manne.
Yvann AFDAL