L’État de Côte d’Ivoire a jusqu’au 31 août pour lever 150 milliards de francs CFa à travers les titres « Sukuk », des obligations islamiques. Lancée depuis le 1er août par le Trésor public, c’est la deuxième opération du genre après une première réussite en novembre dernier.
Plus que deux semaines pour que le Trésor public réédite l’exploit, ou fasse mieux, pour la levée de 150 milliards dans le cadre du « Pro- gramme de Sukuk ». Une opération d’appel public à l’épargne à travers des certificats d’investissement conformes à la recommandation du Coran, interdisant le prêt à intérêt. Grâce à cette opération lancée le 1er août dernier, le gouvernement entend réunir des fonds lui permettant de poursuivre des investissements et d’apurer sa dette intérieure estimée à plus de 350 milliards de francs CFA pour la période 2000 à 2016. Selon les autorités, « l’objectif est de créer les conditions d’une croissance économique durable, de poursuivre la réalisation des infrastructures économiques, et de favoriser une amélioration du niveau de vie des populations».
Premier succès
Selon la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM), la première émission de ce genre, lancée le 23 novembre 2015 et clôturée avec succès début 2016, a permis de mobiliser plus de 55 milliards de francs CFA, soit 37% à partir de la Côte d’Ivoire. Plus de 26 milliards de francs CFA, soit 17% sont venus des souscripteurs de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), le reste, plus de 67 milliards, soit 45%, ont été mobilisés hors de cet espace monétaire. À travers ce nou- vel emprunt Sukuk, à exécuter en deux phases égales sur la période 2015-2020, avec une maturité de sept ans, l’État se donne des moyens pour le financement de différents projets de développement.
Frilosité
Mais cet emprunt, qui vise à émettre 15 millions de parts (Sukuk), d’une valeur 150 milliards attendus. 10 000 francs CFA valeur nominale. 163 milliards pour trois immeubles hypothèque. nominale de 10 000 francs CFA l’unité pour les investisseurs, est tout de même risqué. Une opération similaire, conduite en juillet au Sénégal, n’a pas remporté le succès escompté. Une semaine après la clôture de la souscription, il manquait 30 milliards sur les 150 recherchés. Signe de la frilosité des marchés, le Trésor public ivoirien, n’a pu convaincre aucune société de gestion de la place d’endosser le rôle de cochef de file. Un rôle finalement dévolu à une filiale de la Banque islamique de développement (BID). Même s’il est trop tôt pour juger du succès ou non de l’opération, qui pourrait pâtir de sa proximité temporelle avec l’emprunt de novembre 2015, du côté de l’État, on reste optimiste. À en croire le Trésor public, il s’agit pour la Côte d’Ivoire d’élargir sa base d’investisseurs à des entités des pays du Golfe réputées « très liquides », et aux investisseurs qui ne souscrivent que les produits financiers com- patibles avec les principes de la finance islamique. Pour ce faire, l’immeuble CCIA, estimé à 98 milliards de francs CFA, et les tours administratives A et B, abritant les cabinets de plusieurs ministères, évalués à 65 milliards de francs CFA, tous situés dans la commune du Plateau, ont été mis en garantie.
Benoît Tanoh