Le premier sommet régional en faveur des femmes entrepreneur s’est achevé ce mercredi 17 Avril au Sofitel hôtel ivoire à Abidjan. Sur un appel conjoint à l’action pour inciter les pouvoirs publics et les acteurs privés à engager rapidement des réformes et des mesures d’envergure visant à aider les femmes entrepreneures à démanteler les entraves persistantes, financières et autres, à leur activité.
Le Sommet, qui a réuni plus de 400 dirigeants publics et privés d’Afrique de l’Ouest et d’autres régions, était organisé par l’Initiative We-Fi en collaboration avec la Banque africaine de développement, la Banque islamique de développement et le Groupe de la Banque mondiale, et sous le haut patronage du gouvernement de la République de Côte d’Ivoire.
Les femmes occupent « une place économique essentielle, très présentes dans les activités indépendantes en Afrique, dont profitent largement leurs familles, leurs communautés et leurs pays », soulignent les dirigeants présents au sommet dans leur déclaration commune. Sensibles aux difficultés empêchant la pleine participation des femmes à l’économie, ils insistent sur les nombreux obstacles qu’elles rencontrent pour accéder « aux financements, aux marchés, à la technologie ou aux programmes d’accompagnement et de renforcement des capacités. En interdisant à ces entrepreneures d’exprimer tout leur potentiel, ces entraves pénalisent la croissance économique et la lutte contre la pauvreté en Afrique. »
Ces obstacles expliquent le retard systématique accusé par les femmes chefs d’entreprise dans la région par rapport aux hommes au niveau de plusieurs indicateurs clés d’activité. Selon une étude récente de la Banque mondiale, leurs bénéfices et chiffres d’affaires mensuels moyens sont inférieurs respectivement de 38 % et 34 % à ceux de leurs homologues masculins.
Les dirigeants présents ont appelé les gouvernements à engager des réformes politiques et réglementaires pour améliorer l’accès des femmes chefs d’entreprise aux services financiers, aux marchés publics et aux infrastructures sous-tendant l’économie numérique. Ils ont également plaidé pour la levée rapide des entraves au travail et à la mobilité des femmes et pour l’égalité des droits de propriété.
Ces dix dernières années, les gouvernements africains ont adopté 71 réformes juridiques et réglementaires qui ont amélioré l’inclusion économique des femmes soit plus que dans n’importe quelle autre région du monde, constate un rapport de la Banque mondiale. Au-delà des avancées significatives pour combler les inégalités hommes-femmes, la transformation du continent exige un renforcement accru du rôle des femmes entrepreneures.
Conscients de l’importance de la collaboration entre secteur public et secteur privé, les dirigeants soulignent la place essentielle des acteurs privés et des organisations de la société civile pour améliorer l’accès des femmes au capital, aux marchés, à l’acquisition de compétences numériques, aux dispositifs d’accompagnement et aux réseaux d’affaires. Ils plaident par ailleurs en faveur d’une collecte et d’une communication plus efficaces de données, publiques et privées, ventilées par sexe afin de mieux mesurer l’impact des réformes engagées sur les femmes entrepreneures.
Ce sommet régional est une première pour l’Initiative We-Fi, un partenariat mondial entre 14 pays contributeurs, huit banques multilatérales de développement et d’autres parties prenantes publiques et privées, hébergé par le Groupe de la Banque mondiale et opérationnel depuis octobre 2017. À ce jour, les pays contributeurs ont mobilisé plus de 350 millions de dollars en appui aux activités de l’Initiative.
En avril 2018, le Groupe de la Banque mondiale et la Banque islamique de développement ont reçu des fonds dans le cadre de la première série d’allocations de l’Initiative We-Fi pour soutenir les petites et moyennes entreprises dirigées ou détenues par des femmes, très nombreuses sur le continent africain. Le premier cycle d’allocations, de 120 millions de dollars, devrait permettre de lever plus de 1,6 milliard de dollars de financement additionnels auprès du secteur privé, de bailleurs de fonds, d’États et d’autres partenaires du développement.
Marie-Brigitte KOMONDI