Sidi Ould Tah a été élu président de la Banque africaine de développement (BAD), ce jeudi 29 mai 2025, à Abidjan, avec un score retentissant de 76,18 % des voix. L’annonce a été faite au Sofitel Hôtel Ivoire, en marge de la 60ᵉ Assemblée annuelle de l’institution, en présence des 81 pays actionnaires. Premier Mauritanien à accéder à cette fonction prestigieuse, Sidi Ould Tah, 60 ans, succède à Akinwumi Adesina, avec la promesse d’un changement de style, mais aussi d’une continuité dans l’ambition.
Économiste chevronné, il a bâti sa réputation à la tête de la Banque arabe pour le développement économique en Afrique (BADEA), qu’il a dirigée depuis 2015. Sous sa gouvernance, cette institution autrefois marginale est devenue une référence, bien notée par les agences internationales. Sa candidature tardive n’a nullement entamé sa progression fulgurante, portée par une solide alliance diplomatique allant du Sahel à l’Europe.
Homme discret, multilingue (français, anglais, arabe, wolof), Sidi Ould Tah incarne une nouvelle ère de leadership : sobre, méthodique, résolument tourné vers l’efficacité. Son programme repose sur quatre piliers : autonomie financière africaine, infrastructures résilientes, valorisation démographique, et réforme institutionnelle. Il plaide pour une BAD plus agile, en rupture avec les lourdeurs bureaucratiques, et alignée sur les priorités africaines : industrialisation, intégration régionale, transition énergétique et soutien au secteur privé.
Sa trajectoire impressionne : ingénieur agronome formé au Maroc, économiste diplômé en France, il a occupé de nombreux postes ministériels en Mauritanie, notamment à l’Économie et à l’Agriculture, avant de devenir conseiller du Premier ministre et du Président. Son expertise dans le développement rural, la sécurité alimentaire et la gestion de projets fait de lui un acteur complet du développement continental.
Face au retrait américain avec la suspension annoncée de 500 millions de dollars de contribution au fonds de la BAD, Sidi Ould Tah entend élargir le spectre des partenaires, notamment en direction du Golfe, région qu’il connaît bien. Sur le climat, il défend une transition énergétique juste, fondée sur les ressources africaines et la souveraineté écologique.
Élu pour un mandat de cinq ans à compter du 1er septembre 2025, il entend faire de la BAD une institution plus proche des réalités du continent. Son élection, saluée par son prédécesseur, consacre une vision ambitieuse, lucide et inclusive : celle d’une Afrique forte, connectée et actrice de son destin.
Siondenin Yacouba Soro