Les actions des activistes contre les violences basées sur le genre (VBG) n’ont pas encore donné de résultats probants dans la lutte contre le mariage des enfants. Confrontée aux pesanteurs de la société, la lutte s’annonce longue et difficile.
« Un seul cas de violence basée sur le genre (VBG) signalé est suffisant pour tirer la sonnette d’alarme, car ce cas mis à jour en cache en réalité de nombreux autres, perpétrés dans le silence, et qui portent préjudice à des enfants et à des femmes vulnérables », affirme Yacouba Konaté, Directeur de cabinet du ministère de la Famille, de la Protection de l’Enfance et de la Solidarité. Une réalité partagée par certains activistes qui, depuis le 25 novembre et jusqu’au 10 décembre, espèrent trouver des clés contre le mariage des jeunes filles de moins de 18 ans.
Juridictions défaillantes En Côte d’Ivoire, bien que le mariage des mineurs soit interdit depuis 1964, 13% des enfants de moins de 15 ans et 36% des moins de 18 ans vivent en couple, selon les chiffres officiels. Une situation d’autant plus préoccupante qu’elle se déroule sous le couvert de pratiques culturelles longtemps entretenues et d’un système judiciaire parfois dépassé face au phénomène. Pourtant, elles sont nombreuses ces jeunes filles qui ont vu leur destin basculer dans l’horreur une fois prises au piège de ces unions forcées. Très peu, cependant, acceptent de raconter leur mésaventure, à cause des pesanteurs sociales et des regards extérieurs. Le Président du Réseau UNICO, ensemble d’ONGs qui luttent pour la préservation de droits des minorités et qui sensibilise contre les VBG, Nicolas Vako, a réussi à recueillir les témoignages de certaines rescapées de ce drame social, comme Adjoua Konan, 17 ans, originaire de Yamoussoukro. Contrainte d’épouser un sexagénaire, elle s’est résolue à fuir ses parents pour se réfugier à Abidjan, où elle est devenue commerçante. Son cas est loin d’être isolé. Selon les spécialistes, les régions du centre, du nord-est, du nord-ouest et, dans une moindre mesure, du sud-ouest, sont celles qui enregistrent les prévalences les plus élevées en termes de mariages forcés. Difficile de parier sur l’efficacité du ministère de la Famille et de la protection de l’enfance, qui entend renforcer les actions des cellules locales de lutte contre le phénomène dans un contexte où les pressions parentales et communautaires restent fortes. Chose qui favorise d’ailleurs le silence des victimes face à la complicité du voisinage et des membres de leurs familles.
Malick SANGARÉ