On les croyait jusque-là loin de toutes revendications. Au sein de l’Église catholique ivoirienne, des voix s’élèvent pourtant pour protester, sous la soutane.
La principale grogne semble venir du diocèse de Man. La soixantaine de prêtres que compte la capitale de la région des 18 montagnes dénonce une certaine marginalisation de la part des autorités ecclésiastiques. Selon un prêtre, cela fait aujourd’hui 50 ans qu’aucun dignitaire religieux de ce diocèse n’a été nommé évêque. « Il y a eu depuis plusieurs nominations. Mais à chaque fois qu’on a eu besoin de nommer un évêque, même à Man, on ne l’a jamais choisi parmi les prêtres de la ville. C’est à la Conférence épiscopale de proposer des noms à Rome, qui choisit ensuite celui qui sera évêque. Mais les prêtres de Man ne sont pas choisis », se désole notre interlocuteur. Une situation, dit-il, qui provoque la frustration des prêtres de la région. Ce problème intervient alors que plusieurs postes d’évêques sont vacants depuis des années, comme dans le diocèse de Bondoukou, 7 ans n’a pas d’évêque. Depuis le décès de Mgr Félix Kouadjo, les populations de la ville s’impatientent de voir son remplaçant. Yamoussoukro connait pareille situation depuis l’affectation de Mgr Marcelin Kouadio à Daloa et Korhogo n’est pas épargnée.
Exclusion ? Depuis la démission de Mgr Marie-Daniel Dadiet pour des raisons de santé, les rênes du diocèse de Korhogo sont assurées par Mgr Ignace Bessy Dogbo, évêque du diocèse de Katiola. Mais il s’agit d’un intérim. Nos sources expliquent qu’il gère les affaires courantes et ne peut pleinement la fonction. Les postes d’évêques de Bondoukou et de Yamoussoukro, inquiètent particulièrement. « C’est Rome qui nomme les évêques, mais c’est la Conférence épiscopale de Côte d’Ivoire qui propose les personnes qu’elle souhaite voir à ces postes », reprend notre source. Une situation incompréhensible. Mais une source à la Nonciature assure qu’il n’y a pas lieu de se plaindre. En ce moment même, note-t-elle, le processus de désignation des évêques à ces différents postes est enclenché. C’est l’affaire de quelques semaines. Des noms, signale-t-elle, ont déjà été proposés à Rome. Des prêtes de Man parmi les personnes désigner ? Aucune précision là-dessus. Mais, s’agissant de la grogne au niveau du diocèse de la région des 18 montagnes, à l’entendre, il n’y a pas d’exclusion de prêtres. Il n’y a que des critères qui entrent en ligne de compte dans la désignation des évêques. Seulement ces critères ne semblent pas plaire aux prêtres de Man.
Raphaël TANOH