Prof. Kouamé Kanga, « Il faut sauver les albinos »

Dans cette interview, le professeur Kouamé Kanga, maître de conférences agrégé de dermatologie, directeur du centre de prévention du cancer lève un coin de voile sur les personnes les plus vulnérables au cancer de la peau.

On dit souvent qu’il n’y a pas de cancer de la peau en Afrique, parce que la peau du Noir est robuste. Quelle est la situation en Côte d’Ivoire ?

Le soleil est l’un des facteurs majeurs du cancer de la peau, or la peau noire contient beaucoup de mélanine, la substance qui la colore et qui nous protège contre le soleil. C’est pour cela que le cancer de la peau est réputé rare chez le noir. Mais il y a bien des cas de cancer cutané  en Afrique et en Côte d’Ivoire. Nous en recensons plusieurs

des plaies chroniques qui se transforment en cancer. Des plaies qu’on soigne et qui reviennent à chaque fois pendant des années, peuvent entraîner le cancer de la peau. Vous avez aussi un autre type de cancer qui se développe à la plante du pied, appelé le mélanome.

Jusqu’à quel degré de dangerosité ces cancers peuvent-il évoluer?

Dans le service de dermatologie du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Treichville, nous recensons beaucoup de cas de décès chaque année. Il y a des cancers qui rongent la peau jusqu’à l’os. Nous avons fait des amputations de membres, de lèves, d’œil, etc.  Alors, c’est un problème bien réel et dangereux.

Qui sont les sujets les plus vulnérables ?

Ce sont malheureusement les albinos, parce que leur peau ne contient pas de mélanine. Ils ne peuvent donc pas chaque année. Chez le sujet noir, par exemple, vous avez

combattre le soleil et développent fréquemment le cancer cutané. Chez le sujet albinos, vous avez la peau qui devient rugueuse, qui gonfle et qui saigne au moindre contact. Lorsque vous voyez ces signes, pensez tout de suite à un cancer cutané.

Comment lutter efficacement contre cette tumeur, surtout chez les albinos?

C’est l’une de nos préoccupations. Et c’est la raison de la création de ce centre de prévention du cancer de la peau. Cela nous permet d’être en contact régulier avec les albinos, de leur donner des conseils, les sensibiliser. Ce centre nous permet d’enseigner au personnel médical à quel point les albinos sont vulnérables et comment les protéger. Dans la sous-région c’est le premier centre de prévention des cancers de la peau.

Croyez-vous que les albinos soient des laissés-pour-compte ?

Les albinos sont laissés à l’écart, de sorte qu’ils finissent par se marginaliser eux-mêmes. Nous voulons parvenir à casser ces barrières afin qu’ils puissent intégrer la société. L’idée que nous avons c’est de faire un plaidoyer pour ces personnes. Quand on dit qu’il n’y a pas de cancer cutané en Afrique c’est sans tenir compte d’eux.

Raphaël TANOH

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