Plus que les années précédentes, les pluies diluviennes de 2020 ont mis au grand jour la faiblesse des infrastructures dans la capitale économique, mais surtout l’incivisme notoire des populations. Avec plus d’une vingtaine de morts recensés seulement en quelques semaines, dont 17 dans le seul éboulement d’Anyama, les autorités ont décidé de passer à la vitesse supérieure.
Le mardi 30 juin, à la suite d’un Conseil des ministres extraordinaire, le gouvernement a décidé de faire dégager tous ceux qui, volontairement ou involontairement, causent des inondations pendant la saison des pluies. Selon Sidi Tiémoko Touré, le porte-parole du gouvernement, les autorités vont procéder dans les jours à venir à « la destruction immédiate par la force publique » des maisons et infrastructures installées sur les voies d’eau. En premier lieu, les endroits où plusieurs personnes ont trouvé la mort récemment dans les inondations à Abidjan. Le chef de l’État, au dire de M. Touré, a instruit aux ministres concernés de procéder à cette opération. « Il y a un minimum de procédures qui seront respectées pour les destructions, mais pour les cas les plus flagrants nous procéderons à une destruction immédiate », a signifié Sidi Touré.
En ligne de mire, le quartier chic de la Riviera. Sujette aux inondations chaque année, la Riviera Palmeraie, à Bonoumin, est le lieu où les constructions se sont le plus faites sur des ouvrages d’assainissement. Malgré les démolitions de 2014, la Riviera Rue ministre n’est pas encore tirée d’affaires. À la Riviera 2 et à la Riviera 3, l’occupation des emprises des ouvrages de drainage des eaux sont à la base des inondations dont souffrent ces trois quartiers de la commune de Cocody, qui ont d’ailleurs déjà fait des victimes cette année. « L’occupation anarchique est tout ce qui est fait hors du cadre légal de l’urbanisation. Lorsque l’on construit, il y a des règles qu’il faut observer, malheureusement, beaucoup de personnes ne le font pas », regrette Jean-Roger Boto, l’adjoint au maire de Treichville chargé des questions de salubrité. Certaines personnes, selon Sidi Touré, usent de leur qualité pour faire de la résistance ou profitent de la faiblesse des procédures judiciaires pour faire perdurer leur incivisme. En plus de la Riviera, les zones en proie aux inondations, d’après la SODEXAM, sont les communes d’Abobo-Nord, de Yopougon et d’Attecoubé-Ouest. L’adjoint au maire d’Attécoubé, Salif Coulibaly, précise que dans sa commune les zones dangereuses sont, entre autres, Agban-Attié, Attécoubé 3 et Santé 3.
Raphaël TANOH