Le gouvernement n’a pas attendu l’éclatement de la récente affaire des migrants vendus comme esclaves en Libye pour prendre à bras le corps le cas des Ivoiriens bloqués sur le chemin de l’Europe. Un retour qui ne leur ouvre pas pour autant les portes du bonheur.
En 2015 déjà, des opérations de rapatriement volontaire ont été organisées pour permettre à des concitoyens de quitter l’enfer dans lequel ils étaient enfermés. Ils sont aujourd’hui au nombre de 1 275, ces Ivoiriens en situation difficile qui ont regagné leur pays et qui essaient tant bien que mal de reconstruire leur vie.
Bilan mitigé Pour les accompagner dans ce retour inespéré, l’État de Côte d’Ivoire avait instauré une série de mesures sociales visant à faciliter leur réinsertion. Des kits alimentaires, des primes financières et un toit provisoire avaient été mis à la disposition des rapatriés. Deux ans après l’arrivée de la première vague, nombreux parmi eux se plaignent de l’insuffisance de l’appui des autorités et se disent délaissés. « Nous avions mis beaucoup d’espoir dans les projets de réinsertion qui nous avaient été proposés, mais, aujourd’hui, il faut reconnaitre que les choses tardent à se mettre en place », a confié à JDA Issouf Sidibé, la trentaine révolue. Rentré au pays en 2015, il a encore du mal à s’insérer dans le tissu professionnel. Comme lui, ils sont nombreux ceux qui doivent tout reprendre à zéro dans un contexte où ils doivent se battre pour se faire de la place parmi une jeunesse qui peine à trouver un emploi.
Mais le ministère des Affaires étrangères, au travers de la Direction générale des Ivoiriens de l’extérieur, assure que les migrants rapatriés « sont pris en compte par le gouvernement ivoirien, l’Union Européenne et l’Organisation internationale des migrations ». Le Programme d’appui aux initiatives économiques des migrants (PAIM), mis en place au Mali en 1988, existe également en Côte d’Ivoire depuis 2009. Il permet aux ressortissants ivoiriens de retour dans leur pays d’origine, avec l’aide de l’Office français de l’immigration et de l’intégration (OFII), de bénéficier de la possibilité d’obtenir un appui financier de l’OFII pour monter un projet économique. Ce programme, selon les chiffres officiels, aurait permis la création de 300 emplois. Les services du ministère des Affaires étrangères encouragent les jeunes rapatriés « à ne pas rester en marge des programmes de réinsertion qui sont mis en place pour eux ».
Malick SANGARÉ