La vaste opération de déguerpissement entamée dans les savanes du Nord continue. Après une première phase assez musclée, les autorités laissent désormais le temps aux populations de quitter les lieux par elles-mêmes.
Depuis environ un mois, des centaines de paysans du Nord sont en train d’être déguerpis de leurs champs. Essentiellement des familles habitant dans des campements. Une action qui entre dans le cadre d’une vaste opération de déguerpissement des « savanes classées ». De Diawala jusqu’à Ferké, l’État a décidé d’assainir son patrimoine en dégageant tous ceux qui squattent les zones savaniennes. « À Kong et dans d’autres localités du Nord, la même opération a été menée. Les populations ont quitté sans problème leurs campements après les récoltes », explique un habitant de Diawala joint au téléphone.
Partir sans partir Les autorités sous-préfectorales et préfectorales, notamment le sous-préfet de Diawala, N’Guessan Kouakou, affirment que toutes ces personnes ont reçu des mises en demeure plusieurs semaines avant le début de cette opération. Le problème, c’est que presqu’aucun paysan n’a quitté son champ, au contraire des précédentes opérations du genre menées. La plupart vivant dans ces endroits depuis des décennies ont eu l’impression qu’on les spoliait de tous leurs biens. Il a donc fallu une intervention musclée pour les obliger à quitter le domaine de l’État. Les paysans avaient notamment été regroupés pour certains sous des tentes de fortune, avec ce qui restait de leurs bagages. Les personnes déguerpies devaient par la suite trouver un endroit où aller. Mais, après plusieurs plaintes, les autorités ont décidé d’y aller désormais avec le dos de la cuillère. Ainsi donc, selon plusieurs témoignages recueillis, les déguerpissements musclés ont cessé. L’État laisse le soin aux concernés de quitter les lieux seuls. Par ailleurs, les premiers qui ont été déguerpis font l’objet d’une attention particulière. Pour l’instant, aucun plan, ni de relocalisation, ni de dédommagement, n’est en vue, la raison étant qu’ils squattaient des terres appartenant à l’État. Toutefois, il a été demandé à certains de s’inscrire sur des listes ouvertes dans les sous-préfectures concernées par l’opération. Mais beaucoup sont dans la nature, parfois sans moyens, n’ayant pour seule issue qu’une probable aide de proches. Interrogé, le porte-parole du gouvernement, Sidi Touré, avait promis d’informer sur la situation. Jusqu’à là, aucune suite officielle n’a été donnée à cette opération de déguerpissement, qui concerne plusieurs centaines de familles.
Raphaël TANOH