Serge Dali Linda : « Les Ivoiriens ne sont pas les seuls à revendiquer »

Même si le nouveau coronavirus oblige les acteurs à faire un break, il faut dire que ces dernières années en Côte d’Ivoire ont été marquées par des grèves dans le public et le privé. Une habitude typique ? Serges Dali Linda, sociologue à l’Université Félix Houphouët-Boigny, donne des explications.

Est-il vrai que les Ivoiriens revendiquent un peu trop ?

Les Ivoiriens ne sont pas les seuls à le faire. En France, on a eu l’exemple des « gilets jaunes ». Vous avez aussi les « brassards rouges », qui ont réagi à cela. L’histoire montre que les travailleurs qui revendiquent le plus, manifestement, sont ceux de la France.

Certains affirment que les Ivoiriens sont devenus violents à cause de la crise, depuis 2002

Je ne ferai pas de lien direct entre la modification de la manière de revendiquer aujourd’hui et la crise politico-militaire. Parce que, de telles grèves, il y en a eu avant 2002. Les premières, en 1991 et 1992, des grèves d’élèves, ont été activées par le champ politique et ont empiré. On a traité le Président Houphouët-Boigny de voleur, on a vu des bus brûlés, des salariés empêchés d’entrer sur leurs lieux de travail. La situation de 2002 a pu peut-être seulement exacerber ces transformations.

Les élèves cassent les vitres des véhicules, frappent leurs enseignants. Ce sont les cadres de demain

Et si, au lieu de les prendre pour les cadres de demain, on les voyait plutôt en tant qu’acteurs de la société. Ils revendiquent en tant qu’acteurs sociaux. Ensuite, je préfère qu’on parle de déviance dans leurs manières d’agir, plutôt que de violence. Et les déviances, je peux vous dire qu’il y en a, à l’école. Des élèves qui boivent avant de venir en classe, qui veulent aller en congé alors que ce n’est pas encore la date, qui vont en déloger d’autres, etc. C’est clair : nous assistons à des comportements largement déviants en milieu scolaire.

Le phénomène doit-il alarmer ?

Nous manquons de statistiques dans ce domaine. Mais nous voyons, ici et là, des aspects manifestes de phénomènes déviants. La tenue déjà, pour aller à l’école, pose problème. Si vous revendiquez de partir en congé avant l’heure, vous faites de la violence. Si c’est accompagné de coups de sifflets ou d’occupations, c’est de la violence manifeste. Il y a un certain nombre de faits suffisamment inquiétants.

Raphaël TANOH

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