École ivoirienne: Le mal est profond

La violence s’installe de plus en plus au cœur du système éducatif

À deux semaines des congés de Noël, les cours ont été perturbés dans de nombreuses écoles en Côte d’Ivoire par des écoliers un peu trop pressés d’aller en vacances et qui, par des actes de violence, ont interrompu les cours en délogeant leurs congénères. Des faits graves, qui viennent rappeler à la mémoire collective les nombreux maux dont souffrent l’école en particulier et la société ivoirienne en général.

Ce n’est pourtant pas un fait nouveau que de voir des élèves manifester bruyamment pour aller un peu plus tôt en congés, comme s’en souvient Monsieur Sévédé, ancien éducateur dans un collège privé d’Abidjan. « C’était généralement à 48h ou le jour même que des élèves venaient perturber les cours à l’aide de pétards. Avec le raffût que cela créait, les responsables que nous étions n’avions pas d’autre choix que de les libérer », a-t-il ajouté, déplorant le caractère de plus en plus violent que prennent ces manifestations ces dernières années.

Les nombreuses crises politiques qui ont secoué le pays ont fait place à une crise sociologique, dont les premières victimes semblent être les enfants. Le recours systématique qu’ils font à la violence à la moindre occasion est aussi révélateur de ce fait. Le sociologue Bebaylago Koffi Kouadio impute particulièrement cette situation aux parents, estimant que leur niveau de responsabilité l’emporte sur celui des autres. Pour lui, la violence est devenue un phénomène de mode et il pointe un doigt accusateur sur la décennie de crises sociopolitiques pour avoir installé le pays dans une culture de la violence, au détriment des valeurs sociales. « Comment ne pas tenir des parents responsables de certaines dérives de leurs enfants quand ceux-ci vont jusqu’à s’en prendre aux forces de l’ordre pour avoir mis aux arrêts certains élèves, comme ce fut le cas récemment à Korhogo ? », lance-t-il, désabusé et impuissant.

Pour endiguer l’indiscipline en milieu scolaire, le ministère de l’Éducation, de l’enseignement technique et de la formation professionnelle mise sur la fermeté et la pédagogie. Après avoir dénoncé des faits « inacceptables et condamnables », la ministre  en charge de l’Éducation nationale, Kandia Camara, a initié une campagne de sensibilisation à l’endroit des élèves, par la diffusion de messages les appelant à la responsabilité. Une initiative qui risque d’accoucher d’une souris, selon Elis Koua, parent d’élève, qui estime qu’il faut« réduire les droits des enfants dans les écoles et donner plus de pouvoir aux encadreurs pour résorber le phénomène ».

Malick SANGARÉ 

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