Elles ont perdu leurs maisons, leurs commerces et n’ont presque plus rien. Le dédommagement qu’on leur avait promis n’est toujours pas arrivé.
Abobo, Adjamé, Williamsville et Yopougon. Au total, plus de 200 familles ont été déguerpies depuis 2014 par le ministère de la Construction, du logement, de l’urbanisme et de l’assainissement dans le cadre de l’opération ville propre. Leurs installations ayant été faites dans des conditions légales, une procédure avait alors été enclenchée en vue de les dédommager (Recensement des personnes déguerpies, évaluation de leurs biens détruits). Problème, depuis lors aucune victime n’a reçu un seul Kopeck. Pis, selon Moussa Sidibé, le président du collectif des personnes déguerpies, 6 personnes parmi eux ont déjà perdu la vie. « Nous avons eu plusieurs rencontres avec le ministère de la Construction sur la question. On nous a fait croire que le problème a été traité et qu’il reste à décaisser l’argent pour le dédommagement des victimes. A chaque fois, on nous renvoyait à une autre date, jusqu’aujourd’hui. Si rien n’est fait d’autres personnes vont mourir sans jamais être dédommagées», plaide le président du collectif des personnes déguerpies. D’après M. Sidibé, les montants de leurs dédommagements varient entre 10 et 35 millions francs CFA. Afin de comprendre ce qui se passe, nous nous sommes adressés au cabinet du ministère de la Construction qui nous a amené vers ses services techniques. Dans ce département, l’un des agents qui a travaillé sur le dossier, M. Yobouet, nous a alors affirmé que le problème n’était plus à leur niveau. « Nous avons traité et envoyé les dossiers à nos supérieurs », s’est justifié notre interlocuteur. Nous sommes ensuite remontés au cabinet, sans jamais avoir un interlocuteur. Mais une source dans ce département qui a travaillé sur le dossier, explique l’ambigüité de cette situation par les changements successifs de ministre à la tête du département. « Aux dernières nouvelles le dossier devait être soumis en conseil des ministres pour le valider », note-t-il. Mais cela n’a pas encore été fait. Et les victimes se demandent combien d’années il faudrait attendre pour pouvoir avoir leur argent.
Raphaël TANOH