Côte d’Ivoire : Quel emploi pour les Ivoiriens ?

Depuis des années, la Côte d’Ivoire a fait de l’emploi-jeune son cheval de bataille. Mais la tâche n’est pas aisée.

En 2014, le gouvernement avait estimé le taux de chômage à 9,4%. Avant de préciser qu’en tenant compte des sous-emplois, très souvent rémunérés en-dessous du Salaire minimum interprofessionnel garanti (Smig), ce taux montait à 25%. Cette même année, Moussa Dosso, alors ministre de l'Emploi, avait chiffré à 6 millions, « le nombre de personnes en situation de sous-emploi ou de non-emploi ». Depuis, le taux de chômage n’a plus été donné en tenant compte des fameux sous-emplois.

Le seuil de pauvreté7 ans après, beaucoup d’observateurs fixent le nombre de sous-employés en Côte d’Ivoire, à environ 4 millions. L’INS n’a pas encore communiqué de chiffres. Toutefois, les données de la Banque mondiale situent plus ou moins sur la question. En 2020, l’institution de Bretton Woods fixait à 45%, le taux de la population qui vit sous le seuil de pauvreté, dans le pays. La Côte d’Ivoire affiche l’un des meilleurs taux de chômage au monde, pourtant, la question de l’emploi a toujours figuré parmi les priorités de l’Etat.

Depuis son élection à la tête de l’Etat, Alassane Ouattara a placé ce volet au cœur de sa politique. Le seul regret des autorités aujourd’hui, est que les plans d’insertion des jeunes aient buté sur plusieurs problèmes. Outre la fonction publique, les autres leviers ne sont pas aux mains de l’Etat. Or, les clignotants sont déjà au rouge, au niveau de la masse salariale ivoirienne. Elle représente aujourd’hui, 42% des recettes fiscales. Alors qu’elle devait tourner autour des 35%, selon les recommandations de l’Union économique et monétaire ouest africaine (UEMOA). Ce mardi, lors de la cérémonie de rentrée académique à l’université de Cocody, le ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, a informé que l’Etat œuvrait pour ramener la masse salariale à environ 38% des recettes fiscales. Pour y parvenir, il faudra nécessairement réduire les recrutements.

Secteur privé À la traîne. Malgré les accords et les nombreuses rencontres avec les entreprises, le taux d’absorption des chômeurs reste très décevant. Si le secteur public n’est plus le réservoir qu’il était et que le privé continue de pratiquer la prudence, reste l’entreprenariat. Voilà pourquoi de nombreux projets ont été initiés dans ce sens ces dernières années.

Ont-ils assez d’impact sur le quotidien des Ivoiriens? Les chiffres du ministère de la Promotion de la jeunesse, de l'insertion professionnelle et du service civique parlent d’eux-mêmes.

Le levier sur lequel le ministre Mamadou Touré a beaucoup agi, est celui de l’entrepreneuriat, qui comprend le projet Agir pour les jeunes (AGR), les projets structurants, les micros et petites entreprises (MPE).Après avoir touché près de 2000 jeunes à sa première édition, l'entrepreneuriat a concerné pour 2019, 34 399 jeunes. À côté, les travaux à haute intensité de main d’œuvre (Thimo), ont permis d’aider 6 550 jeunes à avoir des emplois plus ou moins temporaires.

En 2020, l’agence-emploi jeunes, le programme social du gouvernement et Le bureau de coordination du programme emploi (BCP-E), ont soutenu plus de 5 000 jeunes, pour un objectif initial de 165 000 personnes. Il faut dire que la pandémie à coronavirus a contrecarré les plans des autorités.

Rapahel TANOH 

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