Le recrutement, le transport, l’abus d’autorité, le transfert des personnes en vue de leur exploitation seront désormais sévèrement sanctionnés. Un projet de loi allant dans ce sens sera bientôt à l’ordre du jour de l’Assemblée nationale. Ainsi en a décidé le Conseil des ministres de mercredi dernier.
La Côte d’Ivoire durcit son dispositif de répression à l’encontre de tous ceux qui s’adonnent à la traite des personnes. Aussi bien en terme travail forcé, d’exploitation des personnes, d’exploitation sexuelle, d’exploitation organisée, de mendicité, que de trafic illicite de migrants. Un projet de loi a été adopté dans ce sens par le gouvernement, en vue de prévenir, réprimer la traite et l’exploitation des personnes, en particulier celle des jeunes filles.
Cette loi organisera un ensemble de mécanismes de répression, de prévention et de protection, a indiqué Bruno Koné, Porte-parole du gouvernement. Qui a assuré qu’avec cette loi, « le recrutement, le transport, l’abus d’autorité, le transfert des personnes en vue de leur exploitation deviennent des faits constitutifs de délits de traite de personnes et frappés comme tel de sanctions sévères, tant pénales que pécuniaires».
Ce n’est pas tout. Outre les mesures de répression qui vont frapper les auteurs et complices de personnes, ce projet de loi prévoit des dispositions en vue du démantèlement des réseaux, la protection et la prise en charge des victimes et témoins avant, pendant et après les procès qui seront ouverts contre les contrevenants.
Il s’agit assurément d’un projet de loi qui, visiblement, tombe à point nommé. Du moins, au vu des derniers faits d’actualité, qui ont certainement inspiré le gouvernement dans son élaboration. Le 21 juin dernier, les services de la police ivoirienne interceptaient, à la frontalière de Noé, un passeur convoyant vers la Côte d’Ivoire six enfants âgés de 4 à 16 ans.
Les députés ivoiriens sont donc avertis. Ils sauront certainement tirer des leçons de réalité d’un terrain marqué par la problématique des « Enfants microbes », déjà difficile à résorber. En tout cas, dans la sous-région, au Sénégal en particulier, une loi réprimant l’exploitation des enfants existe. Mais elle n’a jamais été appliquée, parce qu’au Pays de la Téranga, le phénomène de la mendicité touche à la religion musulmane, avec les enfants talibés (élèves des écoles coraniques) envoyés dans les rues par des marabouts, souvent avec l’assentiment de leur famille. Le président Macky Sall a annoncé il y a 15 jours le retrait de ces enfants de la rue, mais la mesure semble bien difficile à appliquer.
Benoît TANOH