Touali Barthe Armel, président de la Fédération des précollecteurs et prestataires de services urbains de Côte d’Ivoire appelle l’Etat à venir en aide aux précollecteurs d’ordures.
Quelle est la situation actuelle des précollecteurs d’ordures de Côte d’Ivoire ?
La Fédération des précollecteurs et prestataires de services urbains de Côte d’Ivoire a été créée en 1989. C’est une société privée de 13 entreprises, avec 6 000 adhérents. Nous avons 29 ans d’expérience et avons suivi des formations avec le ministère de tutelle. Mais il faut dire que depuis l’avènement des nouveaux opérateurs économiques chargés de la gestion des ordures ménagères, les précollecteurs d’ordure ont des difficultés.
Quels sont ces difficultés ?
Beaucoup de précollecteurs d’ordure sont livrés à eux-mêmes. Ils n’ont plus de travail. Notamment dans la zone du Plateau, Cocody, Abobo, l’opérateur économique a décidé de se passer d’eux. Les seuls précollecteurs d’ordures qui opèrent sont ceux qui ont gardé leurs clientèles. Mais ils sont rares. Dans les autres communes d’Abidjan, comme Port-Bouët, Adjamé, Yopougon et Songon, Treichville, Koumassi, Marcory, l’opérateur a fait de la sous-traitance avec une structure qui, à son tour, a sous-traité avec les précollecteurs. C’est donc une sous-traitance de 3ème niveau. Ce sont des miettes, mais au moins, les précollecteurs ont été pris en compte.
Selon la nouvelle politique de salubrité les ménages n’ont plus le droit de payer les précollecteurs d’ordures, puisqu’ils sont prélevés à travers les redevances sur les factures...
C’est exact. Normalement les ménages n’ont plus le droit de payer les précollecteurs d’ordures. C’est pour cela que, dans les zones que je viens de citer, dès lors que l’opérateur économique a décidé de se passer des précollecteurs, ces derniers sont restés sans travail.
Mais vous dites que certains ont gardé leurs clientèles qui continuent de les payer…
Oui. Mais ils ne sont pas obligés de les payer. Ils le font par simples affinités.
Croyez-vous que les précollecteurs d’ordures ont encore un avenir aujourd’hui ?
Ce n’est pas parce qu’il y a une nouvelle politique de salubrité qu’il faut nous mettre au placard. Si on le fait, ce sont 6 000 personnes qui iront à la rue, avec leurs familles. Nous continuons de dialoguer afin que l’Etat pense aux précollecteurs sans emplois. Aujourd’hui la gestion des ordures ménagères rapporte environ 4,5 milliards FCFA aux opérateurs économiques. Les précollecteurs peuvent très bien être pris en compte mais on ne le fait pas. Dans de nombreux commune, après avoir fait leur travail, lorsque vient le moment de les payer, nous avons vu certain donner par exemple un million FCFA pour payer des dizaines des personnes dans tout un quartier. Et même là encore pour donner l’argent c’était un problème. Ce sont les précollecteurs qui sont allés plusieurs fois vers ces opérateurs pour leur expliquer notre volonté de travailler avec eux.
Entretien réalisé par Raphaël TANOH