Mutilations génitales féminines : Une lutte qui prend du temps.

Les mutilations génitales féminines touchent beaucoup d'Ivoiriennes.

Ce lundi 6 février, le monde entier a célébré la Journée mondiale de lutte contre les mutilations génitales féminines. En Côte d’Ivoire, les choses avancent… lentement.

En 2016, les résultats de l’Enquête à indicateurs multiples (MICS5) fixaient à 36,7% le nombre de femmes ayant subi une mutilation génitale féminine sur le territoire ivoirien. Cette enquête avait recensé les régions les plus touchées, l’Ouest (62,1%), le Nord-ouest (75,2%) et le Nord (73,7%). 6 ans après, les choses n’ont pas considérablement évolué et les autorités manquent de chiffres réels. Le ministère de la Femme, de la famille et de l’enfant a enregistré sur ses plateformes multisectorielles de lutte contre les violences basées sur le genre 54 mutilations génitales féminines pour le seul mois de janvier 2021. Ce qui ne permet pas de se faire une idée globale de l’évolution de l’excision en Côte d’Ivoire. Ce lundi, à l’occasion la Journée mondiale de lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF), Nassénéba Touré, la ministre de la Femme, de la famille et de l’enfant a annoncé les mêmes 36,7% de femmes touchées par les MGF, avec 10% de filles de moins de 14 ans. Les autorités notent une avancée dans le signalement des cas. 6 040 violences basées sur le genre (VBG) ont été dénoncées en 2021, avec 26 cas de MGF. Entre 2020 et 2021, les cas de MGF pris en charge sont passés de 13 à 26. 

Sensibilisation

L’excision a-t-elle baissé pour autant ? Amani Bénédicte Aquici, épouse Oué, Présidente de l’ONG Foundi, spécialisée dans la protection de l’enfance et la femme,  estime qu’il y a eu des progrès avec la sensibilisation des exciseuses, mais surtout des parents. « Beaucoup de parents comprennent aujourd’hui le risque de faire exciser leurs filles », explique-t-elle. Hélas, à l’entendre, depuis 2016, aucune véritable étude de terrain n’a été menée pour recueillir les données et vérifier quelle proportion de la population a tourné le dos à cette pratique. Dans les villages les plus reculés, les mentalités sont dures à changer. Et pour Amani Bénédicte Aquici, toucher ces personnes prendra encore des années.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) situe à 91,5 millions le nombre de femmes et de filles de plus de 9 ans qui vivent actuellement avec les conséquences des MGF en Afrique. Ce qui montre la difficulté à se débarrasser de ce fléau. Autour du thème: « Établir des partenariats avec les hommes et les garçons pour transformer les normes sociales et de genre, afin de mettre fin aux MGF », cette Journée a été l’occasion pour Nassénéba Touré de soutenir à Man les femmes victimes de la pratique. Plus de 2 millions de francs CFA ont été distribués à 28 victimes. 

Raphaël TANOH

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