Longtemps considérée comme le bras séculier de certains hommes politiques, la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) a perdu de sa superbe mais résiste. Elle joue de son prestige d’antan pour avoir encore droit de cité dans un environnement qui lui est de moins en moins favorable.
Si la Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire (FESCI) continue de subsister, malgré les nombreuses tentatives officieuses de démantèlement, c’est parce qu’elle est une organisation très structurée, qui a su s’implanter et imposer son diktat au fil des années sur les différents campus universitaires Chaque département universitaire est doté de sa section FESCI, avec à sa tête un Secrétaire général. Sur le modèle de fonctionnement d’une organisation paramilitaire, ce sont la discipline et le respect de la hiérarchie qui sont de mise et il n’est pas rare de voir certains « Chefs de section » s’affubler des titres de « Général ou Maréchal ».
Moins de fonds La puissance de ce syndicat estudiantin reposait sur ses hommes mais aussi sur les moyens financiers dont elle disposait grâce aux taxes prélevées sur les maquis, les papeteries et tous les commerces de fortune qui pullulaient sur les campus et alentour. Avec la réhabilitation des universités et les réformes entreprises dans le secteur après la crise de 2011, la FESCI sera amputée de tous ces avantages et devra faire preuve d’imagination pour maintenir son influence. Nouvelle mamelle financière, les droits sur l’exploitation de certaines infrastructures universitaires, comme les terrains de sport, les amphithéâtres et autres espaces, sollicités parfois par le grand public ou quelques commerçantes qui, la nuit tombée, squattent ces espaces pour la vente de nourriture. Si, hier, la classe politique bataillait pour contrôler la fédération, c’est de moins en moins le cas aujourd’hui. Les enjeux politiques d’hier autour des trois grands partis (RDR, PDCI, FPI) n’étant plus les mêmes, la FESCI, en dehors de quelques actions d’éclat, est devenue l’ombre d’elle-même et fait de moins en moins immixtion dans le débat politique national. « L’heure est désormais aux revendications purement estudiantines », mais l’apport du syndicat est de « moins en moins apprécié », soutiennent certains étudiants. Mais, poursuivent-ils, la FESCI devrait plutôt être reconnue comme une « organisation d’utilité publique » pour son rôle dans l’éclosion d’une nouvelle classe politique ivoirienne. Plus tournée vers la réussite universitaire, contrairement à ses aînées, la génération actuelle semble être à un carrefour décisif pour ce syndicat controversé.
Malick SANGARÉ