Selon les scientifiques, la mauvaise nutrition est un état pathologique causé par la déficience ou l'excès d'un ou de plusieurs nutriments. En Afrique, en Côte d’Ivoire en particulier, ce phénomène tend aujourd’hui à prendre de l’ampleur.
D’après les statistiques publiées par le Programme national de nutrition, la malnutrition est à la base de 54% des décès et de 35% de maladies chez les enfants ivoiriens de moins de cinq ans. Les chiffres de la Fondation de l’Institut de cardiologie d’Abidjan indiquent que 33% des populations développent des symptômes à risques et vivent avec des pathologies cardiaques à cause de la mauvaise alimentation. C’est conscient de ce danger que le Plan national multisectoriel de nutrition 2016 - 2020 a été mis en œuvre par les autorités. Il tire notamment la sonnette d’alarme pour la gent féminine, très affectée par le phénomène, et les enfants. Dans la pratique, qu’en est-il ?
Comportements à risques Pour le Dr Richard Bahié, hygiéniste spécialiste de l’alimentation, tout le problème réside dans nos habitudes alimentaires. « Les Ivoiriens mangent mal ». Selon lui, il faut classer les aliments en trois grands groupes, les grands farineux, les moyens et les petits. Les grands farineux, ou « acidifiants ou empoisonnants très nocifs », regroupent le blé, le riz, le maïs, les pâtes alimentaires, le soja. Les moyens farineux sont les tubercules (patate douce, pommes de terre, manioc, igname, banane plantain). Les petits farineux sont essentiellement les légumes.
Pour le Dr Bahié, il faut surtout faire attention aux premiers. Les pâtes alimentaires, le soja, le riz, le maïs n’ont pas du tout d’effets bénéfiques sur la santé. « Mais les gens ne peuvent pas se passer de riz. Ce que je conseille c’est de mâcher le riz blanc avant de prendre de la sauce ». Mais combien d’Ivoiriens sont-ils prêts à faire ainsi ? Presque aucun. Les grands farineux, selon le spécialiste, empêchent la production de l’enzyme qui gère la digestion. Il conseille donc plutôt les petits, les légumes. « On peut les découper pour en faire une ratatouille ». Sinon, les moyens farineux, les pommes de terre, l’igname, la banane plantain, le manioc, etc. peuvent être conseillés à taux modéré. Les grands farineux, aux dires du médecin, contiennent trop de protéines. Le soja, par exemple, en a 35% : « c’est trop pour l’homme, mais bon pour le cochon ». Car l’excès de protéines nuit à la santé en provoquant les maladies cardio-vasculaires et l’hypertension. De même que la consommation de sauce arachide ou pistache, de friture, de poissons gras et de viande!
Raphaël TANOH