Prof N’Guessan Kouamé, secrétaire national de la CNEC : « Toutes nos revendications sont au point mort »

Le secrétaire national de la CNEC condamne la mauvaise gouvernance dans nos universités.

Dans cet entretien, Prof. N’Guessan Kouamé appelle le gouvernement au dialogue.

Aujourd’hui où en êtes-vous dans les négociations avec les autorités ?

Avec l’arrivée de l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Dr Albert Mabri Toikeusse, il y a eu beaucoup d’espoir. Mais aujourd’hui, il faut l’avouer, cet espoir s’est transformé en doute. Tous les enseignants doutent de la capacité du ministre à trouver des solutions à leurs problèmes. Et c’est un constat dommageable pour le secteur   de l’enseignement supérieur public. Le ministre passe son temps à voyager. Toutes les revendications sont au point mort.

Cela est peut-être du à un calendrier chargé…

Il donne l’impression d’avoir un calendrier chargé. Mais ce n’est pas le cas. Nous avons fini par comprendre que c’est une volonté manifeste de ne pas nous recevoir. Nous n’avons eu de cesse d’aller à sa rencontre. Depuis plus de deux mois nous courrons après le ministre.

Cette attitude peut s’expliquer par la récente décision du gouvernement de ne pas donner suite aux revendications à caractère financier pouvant impacter le budget de l’Etat.

Nous l’avons déjà dit : La CNEC a signé la trêve sociale en même temps que l’Intersyndicale des syndicats des fonctionnaires de Côte d’Ivoire (ISEFCI). Cela ne veut pas dire qu’il n’y a plus de négociation. C’est pour cela que nous dénonçons cette attitude du ministre.

Aujourd’hui, l’un des points majeurs de la CNEC, c’est la gouvernance dans nos universités et grandes écoles publiques. Y a-t-il eu de l’évolution sur ce dossier depuis ?

Sur le problème de la gouvernance, nous avions évolué avec la ministre Bakayoko-Ly Ramata. Tous le monde était d’accord pour qu’il ait un appel à candidature aux postes de présidents d’universités et de nos institutions d’enseignement supérieur. Au niveau des départements, il devait y avoir des votes pour obtenir des postes. Tout était réglé dans ce sens. Il fallait juste que les textes soient soumis à l’assemblée générale. Mais lorsque le ministre Mabri Toikeusse est arrivé, il a tout suspendu. Donc, à ce niveau nous répétons que nos universités et grandes écoles sont mal dirigées, et qu’il faut des vrais managers à leur tête.

A côté de ce problème, il y a la question des voyages à l’étranger…

Effectivement, les enseignants du supérieur public ont droit à un certains nombre de voyages à l’étranger dans le cadre de leur formation. Cela se fait tous les deux ans. Malheureusement cet argent qui est versé par l’Etat à nos responsables d’institution, ne parvient pas aux bénéficiaires. Nous demandons que l’Etat verse directement cette somme sur le compte des enseignants afin d’éviter que certains s’en accaparent, comme c’est souvent le cas.

Avez-vous trouvé également des solutions au sujet des heures complémentaires ?

Le problème des heures complémentaire est aberrant. Comment un enseignant-chercheur peut-il se retrouver avec  24 à 28 millions FCFA par an, grâce aux heures complémentaires ? C’est une honte ! Au Sénégal, par exemple, les autorités ont uniformisé cela, de sorte que toutes les heures soient équitablement reparties entre les enseignants. Si on fait ça en Côte d’Ivoire, vous verrez que les enseignants de rang A ne vont plus courir après les heures complémentaires. A l’Ecole normale supérieure (ENS) et dans certaines universités, des enseignants n’atteignent pas leur volume horaire annuel. Mais pendant ce temps, d’autres enseignants croulent sous le poids des heures complémentaires. La solution, c’est de tendre vers la mobilité des enseignants, comme le font beaucoup de pays. Comme ça, un enseignant peut quitter Bouaké ou Korhogo pour venir dispenser des cours à Abidjan.

Des enseignants se retrouvent-ils vraiment avec de telles sommes par an, grâce aux heures complémentaires ?

Exact. Cela s’explique par le fait que certaines UFR ont assez d’étudiants, poussant les enseignants à faire plus d’heures de cours que prévu. Un seul enseignant ne peut pas faire plus d’heures de cours que la normale. Il faut tendre vers un enseignement de qualité. Et pour cela, nous devons tendre vers un volume horaire uniformisé afin que la rentrée académique prochaine soit une rentrée de paix.

Pendant que vous exposez vos problèmes, un nouveau collectif d’enseignants du supérieur public est en train de voir le jour.

Nous sommes au courant. C’est l’œuvre de certains de nos collègues. Ce collectif est circonscrit à l’université Félix Houphouët-Boigny. Si ces enseignants veulent constituer ce collectif pour aider la CNEC à mieux défendre ses problèmes, c’est bien. Mais s’il s’agit d’un collectif destiné à fragiliser la CNEC de Cocody, nous disons non. Pour le moment nous ne blâmons personne. Mais nous demandons aux camarades de rester au sein de la CNEC, car elle nous a beaucoup apporté.

Aujourd’hui, le climat social prête-t-il à la sérénité ?

C’est parce que le gouvernement refuse le dialogue. Nous lui demandons de recevoir tout les syndicats afin d’éviter la situation de janvier 2017. Nous demandons aux camarades d’être mobilisés. Nous sommes en concertation avec les autres structures syndicales. La question de l’indemnité de logement des enseignants de l’université est toujours bloquée et nous n’allons pas laisser faire.

 

Entretien réalisé par Raphaël TANOH

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